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"Made in Korea" de Laure Mi Hyun Croset : yoyage à Séoul en quête d’identité
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De : Laure Mi Hyun Croset BSN Press (Lausanne) et Okama Parution le 23 août 2023 112 pages 18 €

Axel Maugey pour Culture-Tops

Axel Maugey pour Culture-Tops

Axel Maugey est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THÈME

Made in Korea offre une variété de thèmes qui éclairent la libération d'un jeune français adopté lequel, pris dans les filets de l'extrême modernité, s'efforce d'échapper à son triste destin. Il réapprend à vivre en retournant quelques semaines dans son pays d'origine, la Corée (du Sud). La quête d'identité, la gastronomie française et asiatique, la modernité un peu effrayante de l'informatique, la dépersonnalisation, l'adoption, la naissance d'une amitié, sont autant de thèmes qui retiennent l’attention. Ce roman pose la question : comment pouvoir s'épanouir dans un monde si contrôlé, angoissant ? Il offre comme réponse : le retour vers la culture salvatrice et la volonté de créer des liens.

POINTS FORTS

Ce roman nous entraîne subrepticement vers un monde de la rédemption. Le personnage principal au départ apathique, enfant trop gâté, adopté donc tourmenté, cherche sa voie. Malade, il comprend qu'il doit réagir, s'il veut sauver sa peau.

Le récit éclaire un univers au départ déshumanisé où le protagoniste s'efforce de sortir d'un cercle vicieux dans lequel la société contemporaine nous plonge. Sommes-nous toujours des êtres humains ou devenons-nous déjà peu à peu des robots? La vraie liberté consiste à rester humain. 

Le personnage est placé sur une ligne de crête. Va-t-il réussir à tomber ou à se relever ? Même dans un monde a priori déshumanisé, on peut sauvegarder son identité, ne pas oublier ses racines.

L'intérêt de cette histoire écrite par une romancière suisse d'origine coréenne, se trouve aussi dans le style rapide, saccadé, mais -fait à souligner- sur lequel veille l'esprit voltairien. L'ironie est en effet au rendez-vous, ce qui donne au récit, ici et là, une vigueur étonnante.

Les parents qui ont parfois du mal à comprendre leurs enfants devraient lire ce livre et l'offrir à leur progéniture qui a souvent du mal à se frayer un chemin dans cette vie semée d'obstacles.

Ce roman d'une francophile francophone d'origine coréenne oscille entre désert de l'âme et oasis du cœur.

QUELQUES RÉSERVES

Des anglicismes peuvent agacer à l'occasion, mais en même temps, ils nous plongent, grâce aussi à la découverte de mots coréens, dans un univers à l'occasion fraternel, si cher au dialogue des cultures.

L'auteure aurait cependant intérêt à relire Chateaubriand si elle souhaite embellir son style.

ENCORE UN MOT...

Ce roman qui est à des années lumière de la Tentation de l'Occident d'André Malraux, devrait nous inciter à relire le grand écrivain puis à revenir vers ce Made in Korea pour évaluer ce que nous avons durant ce temps, entre les deux récits, pu perdre ou gagner. A méditer. L'écartement nous sera-t-il fatal ou au contraire nous permettra-t-il de raccommoder nos béances réciproques ?

UNE PHRASE

"Il avait entendu affirmer que les adoptés devenaient serial killers ou artistes. Il ne pouvait pas totalement donner tort à cette assertion." (p. 27)

"La Corée et son esthétisme lui manquait déjà. Il avait l'impression d'être rentré au pays des gros nez, des chauves, des bedonnants, et en plein Moyen-âge." (p. 101)

" La Corée étant le paradis des "gamers", le pays le plus connecté du monde, il pénétra dans le cybercafé avec allégresse. Mais en apercevant les "geeks" en train d'engloutir des nouilles instantanées ou de se faire masser le dos, sans quitter des yeux leurs écrans, il ne s'identifia pas à eux, ou plus à eux.” (p. 89)

L'AUTEUR

Laure Mi Hyun Croset, romancière suisse née à Séoul, s'est fait notamment remarquer en 2018 en publiant Le beau monde chez Albin-Michel. Elle a l'art de faire tomber les masques et de tourner en dérision les convenances sociales. C'est une satiriste. Elle a déjà publié sept romans dont Pop-Corn girl ( 2019), S'escrimer à l'aimer BSN Press ( 2017 ) et Les Velléitaires, (chez Luce Wilquin en 2010). Toujours surprenante et originale, elle mérite que l'on s'intéresse à elle.

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