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Les super-héros vont 
vous sauver !
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Comics

Au royaume d'Asgard, Thor (sortie ce mercredi sur les écrans) est un guerrier aussi puissant qu'arrogant. Banni par son père Odin, il descend sur Terre... Pour y retrouver toute une palanquée d'autres super héros, Batman, Superman et autres Spiderman ! Sont-ils si éloignés de nous et que nous apprennent-ils de notre penchant -naturel ou maladif - à la contemplation de la catastrophe ?

Aurélien Fouillet

Aurélien Fouillet

Aurélien Fouillet est chercheur au Centre d’Etudes sur l’Actuel et le Quotidien (Université Paris V René Descartes). Il est docteur en Sociologie. Sa thèse s’intitule : "L’esprit du jeu dans les sociétés post-modernes. Anomies et socialités : Bovarysme, mémoire et aventure." Il a également collaboré à l’ouvrage dirigé par Michel Maffesoli et Brice Perrier : L’homme postmoderne.

Ses thématiques de recherche sont : le jeu, le risque, la morale, les nouvelles technologies, la science fiction et la bande dessinée.

Il est membre de la rédaction des Cahiers Européens de l’Imaginaire et l’un des trois fondateurs de La Tête qui manque.

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Depuis Watchmen (1987) et La mort de Superman (1992), la mort a fait irruption dans le monde super-héroïque. On ne compte plus les variations autour de ce thème. Batman, Captain America, Spiderman sont tous passés par là.

La fin d'un monde et de ses valeurs

A ceux là, viennent s’ajouter des séries comme Kingdom Come, Civil war, ou encore Dark Reign pour le plus récent, qui racontent comment se déroulent la fin d’une ère super-héroïque et sa transition vers un autre monde.

On pourrait également ajouter à ces variations mythiques toutes les séries qui reprennent l’origine des super-héros en changeant les conditions de leur apparition comme dans Superman Red Son où Clark Kent s’écrase, non pas au Texas, mais en Sibérie. Ou encore les variations autour de la retraite des super-héros, comme dans le célèbre Dark Knight de Frank Miller.

Mais que nous racontent, en définitive, ces récits de la mort des héros du 20ème siècle ? Ce sont tous des récits de fin d’un monde. Ils mettent en exergue la saturation d’un monde et de ses valeurs.

Des super-héros plus proches de nous

Il s’agit de la fin des héros solaires et inaccessibles. Les différentes séries les réinjectent dans la vie quotidienne. Ils ne sont plus si intouchables et si droits : Iron Man est alcoolique et Batman va assassiner le Joker (enfin ! me direz vous).

Cela matérialise en quelque sorte la fin des utopies et des idéologies. Superman, héros de l’Amérique conquérante et du monde moderne est terrassé par Doomsday. Guerrier dont l’origine est plus ou moins perdue. Enfermé dans une prison sous terre depuis la création du monde, il ressurgit pour terrasser la modernité de Superman. Peut-être s’agit-il de cette violence fondatrice (Maffesoli), de cet humus dans l’humain, qui surgit chargée de ses archaïsmes et de ses archétypes et vient renouveler une société étouffée et étouffante ?

Vers un monde en recomposition ?

Mais tous ces récits nous indiquent que si les transitions sont souvent tumultueuses et violentes, elles ouvrent de nouvelles possibilités et de nouvelles recompositions du monde. Comme le rappelle souvent Maffesoli : « La fin d’un monde n’est pas la fin du monde. » Tous ces récits apparaissent comme des Apocalyspes, c’est-à-dire comme des révélations, et nous montrent notre monde et ses soubresauts. Ils cristallisent cette tendance sociétale contemporaine dans laquelle la modernité montre ses limites et où émergent de nouvelles formes de socialités parfois violentes.

The Boys, qui raconte l’histoire d’une troupe d’agents gouvernementaux qui casse du super-héros décadent, ou encore Transmetropolitan, qui raconte l’histoire d’un journaliste complètement dingue (il s’appelle Spider Jerusalem et a certainement une araignée au plafond) et qui dénonce les dérives du pouvoir politique, ou encore The Preacher, qui raconte l’histoire d’un prêtre américain possédé par un être mi-ange mi-démon qui est à la poursuite de Dieu pour lui casser la gueule sont riches d’enseignements sur les lames de fond qui traversent aujourd’hui notre monde.

Cette acuité des Comics Books à décrire le contemporain s’explique par la structure mythique de ces récits. En effet, comme tout récit mythologique, le genre super-héroïque cristallise le monde dans lequel il émerge au travers d’archétypes fondamentaux. N’est-ce pas en se plongeant dans L’Illiade et l’Odyssée que l’on en apprend le plus sur la société grecque ? Sur ce, très bonne lecture !!!

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