Vie privée : Google enregistre votre voix à votre insu, voilà comment l’empêcher<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Google Pixel 8 pro, présenté lors d'un événement de lancement de produits
Le Google Pixel 8 pro, présenté lors d'un événement de lancement de produits
©Ed JONES / AFP

Minute Tech

Il existe une fonctionnalité cachée dans les comptes Google des utilisateurs qui permet au géant de la technologie d'enregistrer discrètement leurs voix qu'il stocke pour d'autres utilisations.

Gilles Dounès

Gilles Dounès

Gilles Dounès a été directeur de la rédaction du site MacPlus.net  jusqu’en mars 2015. Il intervient à présent régulièrement sur iWeek, l'émission consacrée à l’écosystème Apple sur OUATCH.tv, la chaîne TV dédiée à la High-Tech et aux loisirs.

Il est le co-auteur, avec Marc Geoffroy, de l'ouvrage iPod Backstage, les coulisses d’un succès mondial, paru en 2005 aux Editions Dunod.

Vous pouvez suivre Gilles Dounès sur Twitter : @gdounes

 

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Atlantico : Non seulement Google est capable d’enregistrer la voix de ses utilisateurs mais c’est quelque chose qu’il fait activement. Fort heureusement, il est possible de l’en empêcher. Comment faut-il procéder, au juste ?

Gilles Dounès : Cette histoire est assez bizarre, et pour tout dire ressemble assez à un serpent de mer en train de se noyer dans un verre d'eau, dans la mesure où on sait depuis octobre 2015 que Google s'est mis en position d’enregistrer, ou plutôt d'avouer enregistrer, les requêtes ou les interactions de ses utilisateurs avec les différents services du groupe. Ça a d'abord été pointé par The Guardian au début du mois d'octobre 2015, mais dès juin de la même année, Google avait centralisé dans une interface unique la gestion des données personnelles et les différentes autorisations.

Cette fois-ci, la source primaire est l'édition électronique du tabloïd britannique The Daily Mail, qui reprend la Story Instagram sur le sujet, publiée par Jeffrey Castillo, aka digitaljeff, un entrepreneur multi-cartes du Texas assez obscur. Celui-ci s'est abstenu de publier sa trouvaille sur l'ensemble de ses multiples canaux de communication, la réservant à sa rubrique « cheatcodes » (astuces cachées dans un jeu et par extension dans un logiciel). Le papier du Mail Online n'a pas non plus été repris sur les sites d’information, si ce n'est par une poignée de sites gérés automatiquement par intelligence artificielle. Rien d'étonnant à cela : le sujet revient de façon cyclique tous les deux ans environ, et pour la dernière fois à l'hiver dernier.

Il n’empêche : une piqûre de rappel est toujours utile, même si l'on a pris la précaution de refuser a priori tous les enregistrements au moment de la création de son compte Google. Avant de s'attaquer à l'accès au micro, il est important de supprimer l'accès à tout un ensemble de données personnelles collectées par les différents services, au vu de leur nombre, de la moisson réalisée par Google et de l'utilisation croisée qui en est faite en toute opacité dans les serveurs du géant de Mountain View.

Il faut pour cela se rendre sur le compte et se faire connaître, puis cliquer sur la rubrique « données et confidentialité », la troisième dans la colonne de gauche. Il faut alors descendre dans la page et aller dans les paramètres de l'historique, suspendre l'activité sur le Web et les applications, ainsi que l'historique YouTube. Plus bas, il faut également désactiver les résultats personnels dans la recherche. 

Encore plus bas, il faut également décocher les Applis et Services, ainsi que les Services Google associés : c'est précisément ce contre quoi la CNIL a lutté depuis sa création en 1978, et que Google s’évertue à recréer après la création de chaque nouveau service. Ne vous inquiétez pas si vous revenez en haut de la page après chaque exploration d'une rubrique : comme dans la caverne magique où était caché le quatrième ou cinquième Horcrux, tout est fait pour vous pousser à renoncer…

Reste le cas particulier de l'accès au micro : celui-ci est géré dans le Mac, l'iPad ou l'iPhone dans le panneau de Préférences, à l’onglet  Confidentialité et Sécurité , sous-menu « micro ». Et si vous utilisez Chrome pour certaines applications particulières comme eCam par exemple, il est recommandé de désactiver son accès au micro lorsque vous n'en avez plus besoin. Mais de manière générale, il est recommandé de s’abstenir d’utiliser Chrome du point de vue du respect de la confidentialité des données personnelles. Google utilise en effet son navigateur comme un véritable vortex  pour aspirer les données et les comportements des utilisateurs. 

En ce qui concerne Android, ou ChromeOS, il faut se rendre dans l'application Google, et cliquer sur Gérer votre compte Google. À partir de là, sélectionner l'onglet  Données et confidentialité  et faire défiler vers le bas jusqu'à  Paramètres de l'historique. Sélectionnez la section  Activité Web et application : celle-ci est cochée par défaut. Cliquez et faites défiler vers le bas, jusqu'au paramètre d’Activité vocale et audio, lui aussi coché par défaut : décochez-le pour désactiver le micro. Cependant, votre historique est toujours conservé dans votre compte.

Peut-on également supprimer les éventuels enregistrements audio préalablement enregistrés ? Comment s’y prendre ?

Bien entendu : il faut alors activer des sous-paramètres en cliquant sur Désactiver : on a alors accès aux paramètres secondaires, y compris l'historique de Chrome, les activités des sites, des applications et des appareils qui utilisent les services de Google dans l’onglet du dessous, il y a également des enregistrements de la parole et des sons ambiants. Sélectionnez-les pour avoir accès à l’historique, et choisissez une option de suppression, idéalement sur l’ensemble de votre activité.

Pourquoi Google et les appareils Google écoutent-ils ainsi les conversations ? Quelles sont les éventuelles fonctionnalités perdues en mettant un terme à ces enregistrements ?

Google n'est pas le seul à enregistrer et analyser une partie des commandes vocales qui sont lancées par les utilisateurs : c'est également le cas d’Amazon avec Alexa, ou d'Apple avec Siri. Apple s'est d'ailleurs fait prendre la main dans le sac en 2019, et a été obligée de rétro-pédaler en modifiant les paramètres de déclenchement et en demandant de façon beaucoup plus explicite le consentement des utilisateurs à son programme de feed-back. Le but de ces enregistrements est en effet, du moins officiellement, l'explicitation des séquences phonétiques problématiques. Celles-ci sont analysées a posteriori par des humains, un peu à la manière des capchas sur Internet, lorsqu'il s'agissait d'identifier des séquences de lettres difficilement identifiable après la numérisation de livres.

Mais il va de soi que la suppression de l'accès au micro entraîne de facto la désactivation de la fonction OK Google, ainsi que la dictée à l'intérieur des différentes applications Google… que celles-ci vont s'empresser de réclamer le rétablissement, à la première occasion ! 

Dans quelle mesure cette fonctionnalité constitue-t-elle un risque en matière de sécurité des données et de vie privée ?

Le souci, c'est que cette ouverture du micro puisse s’effectuer un peu n'importe comment sur Android, et que le modèle économique de Google, basé sur la publicité, suscite des soupçons sérieux sur l'utilisation des données à des fins d'analyse marketing et de ciblage commercial des individus. Les témoignages de l'utilisation des requêtes à des fins publicitaires ne manquent pas, que celle-ci soit d'ailleurs bien réelle ou fantasmée.

De manière générale, lorsque l'on est concerné par la protection de ses données personnelles ou de ses productions, il est préférable d'éviter d'utiliser des outils qui reposent sur Chrome ou Android… La plate-forme macOS ou iOS, voire Linux quand cela est possible, est sûrement la meilleure solution pour préserver la confidentialité de son activité des appétits des marqueteurs en tous genres… 

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