Russie : le président Poutine menacé ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Tribunes
Vladimir Poutine lors de la Journée des gardes-frontières, dans les environs de Moscou, le 28 mai 2022
Vladimir Poutine lors de la Journée des gardes-frontières, dans les environs de Moscou, le 28 mai 2022
©MIKHAIL METZEL / SPUTNIK / AFP

Allégations

Le major-général ukrainien Kyrilo Budanov répondant à une interview de la Pravda ukrainienne a affirmé que le président russe Vladimir Poutine avait échappé à une tentative d’attentat dans la Caucase juste après le début de l’invasion de l’Ukraine. Cette « information » est venue compléter les rumeurs de « maladies » dont souffrirait le président russe. Ainsi, Sir Richard Dearlove, le directeur du MI6 britannique a déclaré que Poutine disparaitrait en 2023, sans soute dans un sanatorium.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

Voir la bio »

Ces informations invérifiables font partie de la guerre médiatique qui fait actuellement rage entre Moscou, Kiev et les pays membres de l’OTAN, les autorités et la presse britannique jouant un rôle de première importance dans ce domaine dépassant même leurs homologues américaines.

Il est tout à fait possible que Poutine soit malade, tous les observateurs ayant noté son embonpoint datant de ces derniers mois. Comme pour d’autres dirigeants, les experts médicaux ont été convoqués par les services de renseignement pour faire un diagnostic d’après photos et autres vidéos où il apparait le visage gonflé, la main tremblante et un pied particulièrement agité. Il convient de se souvenir que dans le passé ces analyses, si elles ne se sont pas avérées totalement fausses, se sont révélées inutiles puisque les dirigeants diagnostiqués au 36ème dessous ont poursuivi leur tâche et ne sont partis que lorsque le moment a été choisi (exemples : le président Boris Eltsine a quitté le pouvoir de son propre chef le 31 décembre 1999 et n’est décédé en 2007 alors qu’il était donné mourant ; le général Francisco Franco est tombé très malade en 1973 mais n’a « officiellement » lâché le pouvoir que peu avant sa mort survenue le 20 novembre 1975). 

Il en est de même avec la tentative d’assassinat. Nul doute que malgré sa popularité (plus de 80% de la population russe approuverait l’« opération spéciale » de Poutine contre 15%, sondages à prendre également avec des précautions - mais il convient de constater que plus on « tape » sur la Russie, plus la population fait corps avec son président -), certains souhaitent l’éparpiller « façon puzzle » aux quatre coins de la Russie (d’après Michel Audiard).

Cela dit, la sécurité du président russe est très bien assurée par le service de sécurité présidentiel (SBP)(1) qui dépend du service de protection fédéral (FSO) tenu par un de ses fidèles parmi les fidèles, le général d’armée Viktor Zolotovqui dirige aussi le Service fédéral des troupes de la garde nationale de la Fédération de Russie (Rosgvardia) créé en 2016. Le FSO est l’héritier historique de la neuvième direction du KGB.

Détail intéressant, c’est ce service qui a en charge la « boite noire » (Cheget) qui permet au président russe de déclencher le feu nucléaire quelque-soit l’endroit où il se trouve.

Poutine n’a pour l’instant pas d’opposition crédible dans la mesure où il garde le contrôle de son entourage immédiat.

S’il venait à disparaitre pour une raison ou une autre, la constitution russe prévoit qu’il serait remplacé jusqu’à la tenue d’une nouvelle élection par le Président du gouvernement (équivalent à Premier ministre, poste occupé aujourd’hui par Mikhaïl Michoustine). La rumeur dit qu’en réalité, ce serait le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nicolaï Patrouchev qui aurait la carrure pour assurer l’intérim. Entré au KGB en 1974, il a mené une carrière d’officier de renseignement pour finir Directeur du FSB (jusqu’en 2008). Il est considéré un « faucon du Kremlin ». 

Il convient de garder à l’esprit que son but ultime n’est pas de conquérir l’Ukraine mais de contrer les États-Unis en général et l’OTAN en particulier dans ce qu’il considère comme constituant une « manœuvre d’encerclement » - vieux fantasme soviétique puis russe - Mais à se faire peur réciproquement (les ex-pays de l’Est sont « tétanisés » par la « menace » que fait peser sur eux l’ombre de Moscou qui a laissé de sinistres souvenirs du temps de l’URSS ; la Suède, la Finlande et même l’Allemagne « tremblent » littéralement), l’escalade semble inexorable d’autant qu’aucune concession, d’un côté comme de l’autre, ne trouvera d’écho favorable. Washington commence à sembler le comprendre en baissant d’un ton mais moins Londres - toujours aussi va t’en guerre -, ni Varsovie ou les Pays Baltes.

(1)     Commandé depuis 2016 par le général Alexeï Rouzbezhnoy. Ce service comporte 2.500 hommes (et femmes) en civil et en uniforme. Ils peuvent être comparés aux 6.700 membres du « secret service » américain mais ce dernier a en charge d’autres missions que la protection du président US : la lutte contre la fausse monnaie et le contrôle des armes…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !