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Ni la vaccination, ni un nouveau confinement ne nous sauveront du Covid dans les mois à venir et voilà pourquoi
©PATRICK HERTZOG / AFP

Endiguer l'épidémie

Il est absolument essentiel que la France et l’Europe gagnent en efficacité sur le traçage, l’isolement des cas positifs, la réactivité dans le traitement des foyers de contamination et la gestion intelligente des lieux d’interaction sociale.

Claude-Alexandre Gustave

Claude-Alexandre Gustave

Claude-Alexandre Gustave est Biologiste médical, ancien Assistant Hospitalo-Universitaire en microbiologie et ancien Assistant Spécialiste en immunologie. 

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Atlantico.fr : Pourquoi est-il vain de penser que la vaccination seule nous permettra de sortir de la crise ?

Claude-Alexandre Gustave : De quelle crise parle-t-on ?

Si on fait référence à la présence du virus dans la population, il est vain de penser qu’un vaccin éradiquera le virus.

Hormis pour le virus de la variole (dont le réservoir était exclusivement humain), aucun vaccin n’a jamais conduit à l’éradication virale, ne serait-ce que par défaut de couverture vaccinale parfaite dans la population.

Pour SARS-CoV-2, l’éradication est impossible (que ce soit par la vaccination, ou par tout autre intervention).

D’une part, le virus circule également chez les animaux, ce qui lui confère des réservoirs sur lesquels nous n’avons aucun contrôle.

D’autre part, SARS-CoV-2 est un virus à transmission respiratoire, et dont les cibles associées à sa pathogénie sont également situées dans nos voies respiratoires.

Pour empêcher sa circulation chez l’Homme, il faudrait donc bloquer la « porte d’entrée » qui lui permet de nous infecter.

En l’occurrence, le virus nous infecte lorsqu’il entre en contact avec nos muqueuses ORL et respiratoires (nez, bouche, yeux).

L’organisme dispose d’une « arme » pour assurer le blocage d’un tel virus à ce niveau. Il s’agit d’un type d’anticorps appelé « immunoglobulines A ».

Ces anticorps sont notamment sécrétés au niveau des muqueuses et assurent la neutralisation des agents pathogènes avant qu’ils ne nous infectent.

Les vaccins à administration systémique (injectables), ne provoquent qu’une production faible voire nulle de ce type d’anticorps. Ils sont donc très peu efficaces pour empêcher l’infection.

Ces vaccins génèrent plutôt des anticorps de types « immunoglobulines M et G », ainsi qu’une réponse immunitaire cellulaire via les lymphocytes T. Ces types de réponses sont efficaces pour protéger contre le développement de symptômes, ou contre l’évolution vers les formes graves. Cependant, ces types de réponses n’empêchent ni d’être infecté, ni de transmettre le virus.

Parlons-nous alors de la crise liée à la submersion du système de soins ?

Les vaccins dont nous disposons ont démontré leur efficacité à réduire la fréquence des infections symptomatiques, et de réduire la fréquence des formes sévères de COVID.

En ce sens, ils peuvent aider à réduire la pression que l’épidémie fait peser sur nos systèmes de soins.

Cependant, aucun vaccin ne dispose de 100% d’efficacité, et cette efficacité décroît généralement avec l’âge ou la présence de comorbidités qui fragilisent le système immunitaire.

Ainsi, à nombre égal d’infectés, ces vaccins pourraient permettre d’obtenir un plus faible afflux de COVID sévères vers les hôpitaux.

Cependant, ce bénéfice se heurte à deux limites.

D’une part, aucune campagne de vaccination, aussi rapide soit-elle, n’ira plus vite qu’une croissance exponentielle des contaminations.

Ne faire reposer la lutte contre la COVID, que sur la vaccination est donc une stratégie vouée à l’échec sur le court terme.

Un exemple flagrant vient d’Israël : plus de 33% de la population a déjà reçu au moins une dose du vaccin ; chez les plus de 60 ans, cette proportion dépasse 77%. Et pourtant, l’épidémie continue de faire rage dans le pays, l’afflux de COVID sévères vers les hôpitaux ne ralentit pas, et près de 17% des nouveaux cas graves admis à l’hôpital sont des patient ayant déjà reçu une dose vaccinale.

D’autre part, si la stratégie repose exclusivement sur la vaccination, cela sous-entend qu’en parallèle on ne lutte pas contre la circulation virale.

On s’expose donc à voir le nombre de contaminations largement dépasser ce que nous avons connu jusqu’à présent.

Ainsi, malgré la fréquence réduite des cas graves grâce à la vaccination, cette proportion porterait sur un nombre total d’infections bien plus élevé qu’actuellement, et représenterait donc un nombre de patients à admettre en soins intensifs au moins aussi élevé qu’aujourd’hui.

On se retrouverait donc dans une crise au moins aussi sévère que ce nous avons vécu en 2020, voire même pire.

En effet, la masse critique que les hôpitaux devraient gérer serait le fruit d’une masse de contaminations bien plus grande qu’aujourd’hui, et donc bien plus difficile à faire refluer.

C’est un effet paradoxal que provoquerait une stratégie uniquement basée sur la vaccination.

Le Pr. DROSTEN, conseiller scientifique d’Angela MERKEL et spécialiste des Coronavirus, a alerté sur ce danger depuis plusieurs mois

Enfin, ne faire reposer la stratégie que sur la vaccination laisse inéluctablement le virus circuler activement dans la population.

Or plus le virus circule, plus il mute.

Ceci fera inexorablement émerger de nouveaux variants toujours plus contagieux.

En effet, plus les infections se multiplient, plus les mutations associées à une meilleure transmissibilité sont sélectionnées. C’est un phénomène inévitable puisque ces mutations permettent aux particules virales qui les portent de mieux diffuser d’un individu à l’autre. Ainsi, ces mutants deviennent petit à petit dominants car ils se répandent plus vite que leurs concurrents.

Mais le problème concerne également l’échappement du virus à nos défenses immunitaires.

Plus le virus diffuse, et plus on vaccine, plus l’immunité contre le virus se développe dans la population.

Ainsi le virus se retrouve confronté à une pression de sélection immunitaire. Cette pression tend à stopper, ou au moins handicaper les souches virales qui lui sont sensibles.

Seules peuvent encore diffuser et circuler, les souches virales qui ont acquis des mutations leur permettant de contourner nos défenses.

C’est pourquoi, plus on laisse le virus circuler, plus on tend à sélectionner de nouveaux mutants qui seront capables d’échapper à notre immunité et à la protection conférée par les vaccins.

Faire ainsi reposer toute la stratégie sur la seule vaccination est donc le meilleur moyen de mettre en péril l’efficacité de cette vaccination.

Le stop-and-go actuellement mené par le gouvernement est-il voué à l'échec ?

Que ce soit sur le plan sanitaire, ou sur le plan économique, il est clair que la stratégie du « vivre avec » gérée à coup de « stop & go » est déjà en échec.

Sur le plan sanitaire, l’Europe et l’Amérique du Nord ont suivi cette stratégie de simple « atténuation » épidémique.

La mortalité par COVID y est de l’ordre 1000 à 1300 décès par million d’habitants.

A l’opposé, les pays engagés dans la suppression virale en Asie et Océanie sont parvenus à maintenir leur mortalité par COVID à des taux 100 fois plus faibles.

L’échec sanitaire ne se limite pas au nombre de morts.

Il faut aussi penser aux 10 à 30% d’infectés qui développent une affection chronique (COVID-longue) notamment marquée par des troubles cardio-respiratoires, neurologiques et auto-immuns.

Avec la masse colossale d’infections que la stratégie du « stop & go » a laissé survenir, c’est un véritable problème majeur de Santé Publique que nous avons ainsi généré.

Pour beaucoup des patients concernés par ces formes cliniques chroniques, le calvaire dure depuis des mois, avec très peu de solutions thérapeutiques pour le moment.

L’échec sanitaire s’alourdit encore quand on pense à tous les autres malades qui ont vu leur accès aux soins interrompu par des vagues épidémiques massives qu’on a laissé gonfler au point de saturer le système de soins.

Le « stop & go » a conduit à attendre une dégradation sanitaire telle, et un niveau de circulation virale tellement intense, que beaucoup de soins ont dû être déprogrammés pour pouvoir faire face à la déferlante COVID.

Beaucoup de diagnostics n’ont pu être faits à temps, et ce sont autant de maladies chroniques qui seront dépistées tardivement, à des stades plus avancés et donc plus difficilement curables.

Là encore, le « vivre avec » aura généré de lourdes pertes de chances pour beaucoup de malades.

Sur le plan économique, le « stop & go » n’a permis qu’une gestion de court terme.

Cette approche reposait sur un scénario fantaisiste tablant sur une pandémie qui s’arrêterait au bout de quelques mois.

La pensée magique n’a jamais été efficace face à une maladie infectieuse de cette ordre !

De la même façon que les années 80 ont marqué la fin d’une ère avec la pandémie de VIH, les années 2020 constitueront un autre changement d’ère vers un monde désormais marqué par la COVID.

Ce virus ne nous quittera plus.

La stratégie du « stop & go » n’est donc pas adaptée à une telle situation puisqu’elle ne vise qu’à gérée l’urgence de court terme (aplatir la courbe des entrées en réanimation).

Elle ne permet donc aucun contrôle épidémique.

Ainsi, il est impossible de relancer durablement l’activité économique puisqu’à chaque « relâchement » l’emballement épidémique est inévitable.

C’est pourquoi le « stop & go » est une stratégie qui ronge rapidement les ressources économiques, le moral de la population et alourdit fortement le bilan sanitaire.

Cette stratégie a été en échec alors que nous faisions face à des souches virales peu contagieuses.

Il n’y a aucun espoir que cette stratégie soit désormais plus efficace face à des variants plus contagieux et capables de contourner au moins partiellement notre immunité (cas des variants sud-africains et brésiliens).

Depuis qu'on a pointé les failles de la stratégie gouvernementale sur des points cruciaux comme le traçage des cas contact, l’isolement des cas positifs, la réactivité dans le traitement des foyers de contamination ou encore la gestion intelligente des lieux d’interaction sociale, le gouvernement a-t-il revu sa copie ? A quel niveau en sont actuellement les indicateurs ? 

Les points clés du contrôle épidémique sont toujours en défaut en France :

Le dépistage : bien qu’on réalise plus de deux millions de tests chaque semaine, il ne faut pas oublier que nous ne détectons que 30% des cas. Ces données de dépistage sont encore utilisées comme outil de surveillance épidémiologique pour déterminer les niveau de stringence des mesures sanitaires. C’est absurde et à l’opposé de ce que font les pays qui contrôlent leur épidémie.

Les données de dépistage ont un retard incompressible de 6 à 20 jours sur la réalité de l’épidémie :

  • Délai entre contamination et apparition des symptômes = 2 à 14 jours (moyenne de 5 à 7 jours) ;
  • Délai entre symptômes et dépistage = 2 à 3 jours (cf. BEH de Santé Publique France) ;
  • Délai entre dépistage et résultat = 1 à 2 jours (cf. BEH de Santé Publique France) ;
  • Délai entre résultat et intégration dans SI-DEP = 1 jour

Ainsi, entre une contamination et sa perception dans les données officielles, il faut compter 6 à 20 jours. A cela s’ajoute les délais d’analyse de ces données, de prise de décision, de mise en application…

On comprend ainsi que la stratégie d’atténuation basée sur un suivi des courbes épidémiologiques, avec des mesures sanitaires qu’on intensifie au fur et à mesure que les indicateurs se dégradent est une absurdité.

On est ainsi toujours en retard sur l’épidémie, et donc toujours inefficace pour la stopper. On finit ainsi toujours dans un brasier viral généralisé, des hôpitaux submergés et contraints de tout bloquer.

Une stratégie intelligente de contrôle épidémique viserait au contraire à stopper les contaminations dès le moindre cas repéré, en appliquant les mesures les plus fortes, le plus précocement possible, de façon à obtenir très rapidement une efficacité maximale.

Autre travers de nos choix de dépistage : on s’appuie de plus en plus sur les tests les moins fiables (tests antigéniques) dont la sensibilité globale n’est que de l’ordre de 60%. C’est-à-dire que ces tests antigéniques « ratent » environ 1 infecté sur 3. Ils ne sont informatifs que lorsqu’ils sont positifs.

On entend de plus en plus de propositions aberrantes visant à utiliser ces tests comme passeport pour un retour à la vie sans mesure sanitaire.

Sachant qu’un test peut être mis en défaut, notamment en cas de prélèvement de mauvaise qualité, ou de charge virale faible, ce serait un choix dangereux, niant la pertinence scientifique des tests de dépistage.

Le contact tracing : la France conserve une méthode inefficace, manuelle et déclarative. Notre méthode repose toujours sur des enquêtes encore trop rarement exécutées, soumises à la lenteur des interventions humaines, et limitées par la bonne volonté du cas index de coopérer. De plus, même avec toute sa bonne volonté, le cas index ne peut signaler que les cas qu’il pense être pertinents, et seulement ceux dont il connaît l’identité. C’est donc une méthode hautement lacunaire et inefficace.

Les indicateurs nous l’indiquent clairement. Le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé Publique France nous montre en effet que nous ne détectons pas plus de 2 cas-contacts par infecté !

Pour comparaison, la Corée du Sud qui maîtrise le contact tracing (grâce aux outils numériques, applications de tracing, QR Codes dans les commerces…) identifie une moyenne de 10 cas-contacts par infecté.

Ils sont donc bien plus efficaces pour casser les chaînes de contaminations, ce qui leur a permis de maintenir l’épidémie au plus bas, épargner des milliers de vies et protéger leur économie.

Notre méthode de contact tracing est inefficace puisque l’essentiel des chaînes de contaminations restent hors des radars.

Le BEH de Santé Publique France nous le montre au travers d’un indicateur appelé « proportion des cas précédemment connus comme personne-contact ».

Avec un système de contact tracing pleinement efficace, cet indicateur devrait tendre vers 100%, ce qui traduirait que chaque cas détecté était déjà connu comme étant le cas contact d’un autre infecté. Ainsi, les chaînes de contaminations seraient parfaitement maîtrisées.

En France, cet indicateur n’a jamais dépassé 27,1% (avec une moyenne de 20,5%). Ceci indique que près de 80% des chaînes de contaminations sont hors des radars et donc hors de contrôle.

L’isolement des infectés et de leurs cas contacts : c’est le pilier central du contrôle épidémique puisque c’est la seule mesure active pour rompre les chaînes de contaminations. Sur ce sujet, nous sommes toujours au point mort. Nous ne recommandons que 7 jours d’isolement, ce qui est très insuffisant (les recommandations internationales sont d’au moins 10 jours, et le plus souvent 14 jours). L’isolement reste un acte volontaire, sans contrôle et peu ou pas aidé. Face à la contagiosité de ce virus et son impact sur la société toute entière, c’est une grave erreur.

Tant qu’on appliquera pas un isolement strict des infectés et de leurs cas contacts, il sera illusoire d’espérer contrôler l’épidémie.

Ceci doit passer par un confinement obligatoire mais aidé (aide financière, fourniture de vivres, médicaments, masques, suivi médical).

Il faut aussi rappeler à la population que l’isolement ne doit pas débuter après l’obtention du résultat virologique, mais dès la suspicion d’infection ou dès l’identification d’un contact à risque. En effet, la contagion démarre avant l’apparition des symptômes !

La question de l’isolement pose aussi la question de la gestion des frontières et voyageurs !

Un simple test virologique avant le voyage ou bien à l’arrivée, ne suffit absolument pas à garantir l’absence d’importation du virus. Le test peut-être faussement négatif (trop précoce, prélèvement de mauvaise qualité, portage digestif du virus qui n’est pas détectable par un prélèvement nasopharyngé…).

Ce qui assure le blocage du virus, c’est bel et bien l’isolement obligatoire de tous les voyageurs (quel que soit leur résultat virologique) pour une durée d’au moins 14 jours.

Cet isolement ne doit pas être basé sur le volontariat (et encore moins sur simple déclaration sur l’honneur), mais organisé dans des espaces dédiés et imposés.

Les protocoles sanitaires et gestion des lieux d’interactions sociales : là encore, on reste dans les demi-mesures, croyant tenir une ligne de crête entre sanitaire et économie. En fait, on ne fait que réduire l’efficacité du contrôle épidémique. Ainsi, on prolonge la crise et aggrave les dégâts tant sanitaires qu’économiques.

Le rôle des aérosols dans la transmission du virus est toujours sous-estimée. L’importance majeure d’une aération intense des espaces clos n’est toujours pas martelée.

Les masques faiblement protecteurs restent toujours prioritairement recommandés. Les protections oculaires ne sont toujours pas assez recommandées.

La distance de sécurité recommandée vient seulement de passée à 2m. Ce changement est présenté comme une réponse aux nouveaux variants plus contagieux, mais on oublie que cette distance de 2m est déjà la norme à l’étranger depuis début 2020 ! Ce n’est donc qu’un alignement sur ce qui était recommandé face aux anciennes souches de SARS-CoV-2.

Les jauges d’occupation des lieux clos, transports, classes… sont trop élevées, là encore pour maintenir une activité économique partielle plus longtemps. Mais cela ne fait qu’entretenir l’épidémie et empêche donc une vraie relance économique efficace et pérenne.

La surveillance précoce des foyers épidémiques, notamment par l’analyse des eaux usées, commence à se développer mais reste encore trop peu étendue, et pas assez exploitée

Les résultats restent des données observationnelles, mais ne motivent toujours pas des réponses fortes et précoces localement.

Lorsque le virus est détecté dans les eaux usées, on ne répond toujours pas par la circonscription du foyer de circulation virale, avec dépistage massif dans cette zone afin de rapidement identifier les chaînes de contaminations et les stopper.

Comment pourrait-on s'améliorer sur ces critères ?

Les méthodes et stratégies à suivre ne manquent pas.

Depuis de nombreux mois, plusieurs Sociétés Savantes et collectifs de scientifiques et/ou soignants et/ou économistes ont appelé à l’instauration de stratégies de suppression virale afin d’obtenir la protection simultanée de l’intérêt sanitaire ET de l’intérêt économique.

Pour en citer quelques-uns :

  1. https://www.johnsnowmemo.com/
  2. https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32153-X/fulltext
  3. https://www.idsociety.org/news--publications-new/articles/2020/herd-immunity-is-not-an-answer-to-a-pandemic/
  4. https://sites.google.com/site/florinbilbiie/openletterswisseconomists
  5. https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32625-8/fulltext
  6. https://www.containcovid-pan.eu/
  7. https://weact.campact.de/petitions/zerocovid-fur-einen-solidarischen-europaischen-shutdown
  8. https://www.zeit.de/wissen/gesundheit/2021-01/no-covid-strategie-coronavirus-initiative-lockdown/komplettansicht?utm_referrer=https%3A%2F%2Ft.co%2F

Le premier axe d’amélioration est d’arrêter avec la « pensée magique » laissant croire à la population que le virus sera de l’histoire ancienne dans quelques mois.

Ce virus est là, et ne disparaîtra plus. Il faut le combattre activement, et on sait comment le faire efficacement puisque pour près de 2 milliards d’humains cette épidémie a été largement contenue.

C’est un préalable indispensable pour permettre à la population de comprendre l’enjeu des mesures sanitaires, et l’importance de les respecter rigoureusement pour ne pas mettre en péril notre société.

 Il faut également lutter activement contre les fausses informations médicales qui ont déjà fait beaucoup de dégâts en niant le danger que représente ce virus, en niant le rôle des aérosols, en incitant au non-respect des mesures sanitaires…

Taïwan est allé jusqu’à légiférer en ce sans avec de lourdes amendes pour ceux qui propagent de fausses informations sur cette épidémie.

Il faudrait enfin comprendre qu’on prend le problème à l’envers !

Viser à une simple atténuation de l’afflux de patients en réanimation ne permet pas un contrôle de l’épidémie. Ce n’est qu’une gestion de court terme face à la dégradation extrême de la situation sanitaire, avec un impact économique et psychologique intenable à moyen terme.

Notre stratégie actuelle repose sur la surveillance d’indicateurs épidémiologiques lacunaires et tardifs. On les utilise pour décider de mesures graduées qu’on intensifie au fur et à mesure que la situation se dégrade.

On court ainsi derrière le virus avec des semaines de retard. On est ainsi condamné à l’inefficience et à l’échec perpétuel.

Les pays qui ont contrôlé leur épidémie agissent exactement à l’inverse !

Ils ne suivent pas leurs indicateurs épidémiologiques pour adapter leurs mesures.

Ils traquent les porteurs du virus et enclenchent les mesures les plus fortes (y compris un confinement local complet) dès les moindres cas détectés (y compris porteurs asymptomatiques).

Ainsi ils délimitent rapidement un foyer épidémique naissant où sont pleinement déployées les capacités de dépistage massif.

Tous les porteurs du virus et leurs contacts sont alors isolés, ce qui permet d’éteindre l’incendie au plus vite en évitant tout risque d’extension au reste du territoire.

L’effet est obtenu d’autant plus rapidement que ces mesures sont enclenchées précocement.

Ceci permet d’assurer une meilleure acceptation pour la population, une meilleur protection de sa santé, tout en préservant l’économie qui n’est impactée que très brièvement et très localement.

Le contrôle des frontières est également indispensable. Non pas seulement avec des tests, mais surtout par la mise en place d’isolement obligatoire de 14 jours.

Cette approche est critiquée en Europe, notamment en raison des frontières terrestres et de la culture du libre-échange.

Même si l’efficacité ne sera pas de 100%, tout frein à la circulation du virus sera une aide précieuse qui renforce l’efficacité des autres mesures.

Chaque mesure seule ne suffit pas, mais chaque mesure est un maillon indispensable pour que l’ensemble fonctionne et aboutisse à un contrôle efficace de l’épidémie.

L’impact sur l’industrie touristique est de toute façon déjà massif, il le sera encore plus quand les pays engagés dans la suppression virale interdiront les voyages vers l’Europe infestée par le virus (déjà le cas pour l’Australie).

Le contrôle des frontières permettra au moins d’améliorer le contrôle épidémique.

Le recours au télétravail doit également être renforcé. Même s’il n’est pas applicable à tous, il permet d’accroître la protection de tous.

Bien évidemment il réduit le risque de transmission virale pour ceux qui restent à leur domicile, mais il réduit aussi le danger pour ceux qui restent en présentiel puisqu’ils croisent moins de monde !

Tout ce qui peut contribuer à désengorger les transports publics et diminuer l’occupation d’espaces partagés aidera à contrôler l’épidémie.

L’adaptation des protocoles sanitaires est également nécessaire pour mieux tenir compte du rôle des aérosols et donc de la nécessité d’aérer+++ les espaces clos en toutes circonstances.

Le port du masque doit également être respecté. Mais là encore, on manque d’information de la population sur le type de masques à porter, sur leur niveau de protection, les bons gestes…

Les jauges d’occupation des espaces partagés doivent également être adaptées afin d’assurer un vrai respect des distances de sécurité (>2m).

Le contact tracing doit également être massivement renforcé à l’aide d’outils numériques tels que les applications mobiles, les QR Codes dans les commerces/transports, la téléphonie…

Les outils sont déjà déployés dans des dizaines de pays avec des résultats très performants. Il ne s’agit pas d’inventer, d’innover, mais simplement de copier et adapter.

L’Asie bénéficie de son expérience face aux pandémies virales (SRAS, H1N1…), il est grand temps de s’en inspirer.

L’isolement des infectés et de leurs contacts doit également être remis au centre de la stratégie de gestion épidémique.

Tant qu’on ne parviendra pas à faire respecter cet isolement le plus précocement possible, on sera toujours contraints d’en arriver au confinement général.

C’est l’intérêt de la méthode dite du « Lazaret », qui s’oppose à la « quarantaine ».

Dans le 1er cas on brise les chaînes de contaminations en repérant les infectés et leurs contacts pour les isoler.

Dans le 2ème cas, on met la population « sous cloche » en attendant que les chaînes de contamination se tarissent d’elle-même après avoir coupé toute interaction humaine.

Enfin, pour que toutes ces mesures fonctionnent, il est avant tout indispensable de réduire la circulation virale au plus bas.

C’est une condition préalable requise pour que les capacités de dépistage, de tracing, et d’isolement soient pleinement efficaces.

La Corée du Sud a fixé son seuil de contrôle à 1 cas / jour / million d’habitants.

Quand ce seuil est dépassé, des mesures sanitaires sont enclenchées pour réduire les interactions sociales et permettre rapidement au triptyque tester/tracer/isoler de produire ses effets.

En Europe, le consensus retenu fixe un seuil critique à 10 cas / jour / million d’habitants, avec un taux de positivité des tests <5%.

A partir du niveau épidémique actuel, seul un confinement complet et strict permettrait d’atteindre rapidement un tel seuil.

Il serait alors possible d’engager une stratégie de suppression virale efficace, à condition d’obtenir la participation de tous, et le respect strict des mesures sanitaires, de façon à maintenir durablement l’épidémie à distance.

Il serait alors possible de retrouver une activité normale tout en restant en sécurité.

C’est également une nécessité pour préserver l’efficacité vaccinale en évitant que le virus ne continue de circuler au sein d’une population dont l’immunité va croître.

Une telle circulation favoriserait la sélection de mutants en échappement immunitaire et mettrait en péril l’efficacité vaccinale.

Toute la problématique porte sur le courage politique et l’acceptation par la population !

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