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Meghan Markle, la duchesse de Sussex arrive à l'Université de Johannesburg, en Afrique du Sud.
Meghan Markle, la duchesse de Sussex arrive à l'Université de Johannesburg, en Afrique du Sud.
©Michele Spatari / AFP

Paie ton Woke

Meghan Markle travaille avec Procter & Gamble, l’entreprise qu’elle dénonçait il y a 28 ans. Car derrière l’idéologie woke ou l’activisme médiatique de certains militants anti-racistes ou féministes, il y a un vrai business mode.

Frédéric Mas

Frédéric Mas

Frédéric Mas est journaliste indépendant, ancien rédacteur en chef de Contrepoints.org. Après des études de droit et de sciences politiques, il a obtenu un doctorat en philosophie politique (Sorbonne-Universités).

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Atlantico : Après les remous du Megxit, Meghan Markle se lance dans une nouvelle cause plus politique. Elle a annoncé une collaboration avec la marque cosmétique et de produits ménagers Procter & Gamble avec sa fondation Archewell pour mettre laccent sur l’équité entre les sexes. Au-delà de lactivisme médiatique, cette démarche témoigne-t-elle dun véritable business model ? Certaines marques préfèrent-elles payer des formations plutôt que de subir des campagnes désastreuses pour leur image ?

Frédéric Mas : C'est une pratique assez répandue en politique. On appelle "entrepreneur politique" celui qui est une sorte de facilitateur sur le marché politique entre l'offre politique et la demande. Il va utiliser sa position et son engagement pour vendre à la classe politique une clientèle électorale ou un accès à une clientèle électorale pour que cela se traduise ensuite dans le processus électoral.

La nouveauté c'est que depuis quelques années, il y a des secteurs plus porteurs que d'autres comme la diversité, le féminisme à gauche ou l'identité à droite. Les entrepreneurs politiques vont s'emparer de ces causes pour construire un modèle économique et utiliser à leurs profits les mécanismes de la démocratie libérale pour construire leur entreprise.

Par exemple aux Etats-Unis, il y a certaines marques qui vont segmenter leur modèle pour s'adresser à des populations cultivées, formées à l'université, des CSP+ et habitants des métropoles. C'est parce qu'ils s'adressent à cette population qu'on va retrouver aussi leur volonté de politiser et d'offrir à ces segments de marché une offre culturelle qui soit aussi politique et conforme à leurs aspirations politiques. Pourquoi retrouve-t-on aujourd'hui beaucoup de conseillers diversité dans les grandes entreprises du monde anglo-saxon ? C'est parce que la plupart des gens qui sortent des universités sont formés par ces idéologies à la mode. L'origine du phénomène est plutôt à rechercher en amont du côté de l'université. C'est parce que les universités aujourd'hui adoptent ces modèles que l’on voit arriver dans les grandes entreprises des conseillers formés selon ces canons.

Alors cette stratégie na semble-t-elle rien de nouveau. En France, Caroline de Haas ou Julien Dray sont-ils de bons exemples du business identitaire ? Y-en-a-t-il dautres ?    

Parmi les causes qui sont à la hausse sur le marché politique français, il y a le féminisme. Un certain nombre de personnes qui ont commencé comme militants politiques et qui en ont fait une carrière sont ensuite tentés de transformer cette expérience en business. On trouve cela dans le féminisme, mais il y a d’autres entreprises identitaires.

Ces modèles sont à la limite du lobbying. Des associations se professionnalisent pour faire pression sur les pouvoirs politiques et réclamer des privilèges pour leurs clientèles politiques soit pour vendre des formations.

Une étude de la Harvard business Review pointe l'inefficacité des programmes de diversité. Selon vous pourquoi ces formations nont-elles pas deffets ? Quelles actions permettraient dobtenir de meilleurs résultats ? 

L’un des problèmes majeur vient du public visé par ces formations, il est souvent masculin, européen et asiatique. La diversité ne lui parle pas beaucoup et la formation est vite oubliée. La formation est une transposition des enseignements de l’idéologie d’extrême-gauche américaine dans le monde de l’entreprise s’appuyant sur la culpabilisation du public. Cela ne peut pas fonctionner. En faisant cela, l’idéologie Woke fait porter à « l’homme blanc hétérosexuel avec une éthique du travail proche du protestantisme » tous les maux de la Terre pour le déconstruire.

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