Événements climatiques extrêmes : que nous réserve l’année 2023 avec le retour d’El Niño ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Réservoir de Los Laureles qui fournit de l'eau potable à Tegucigalpa (Honduras), le 17 août 2019. Le faible niveau du réservoir était dû au phénomène El Niño.
Réservoir de Los Laureles qui fournit de l'eau potable à Tegucigalpa (Honduras), le 17 août 2019. Le faible niveau du réservoir était dû au phénomène El Niño.
©ORLANDO SIERRA / AFP

Météo

Les conséquences climatiques d'El Niño et de La Niña sont bien connues en Amérique et dans certaines régions d'Asie.

Guillaume Séchet

Guillaume Séchet

Guillaume Séchet est un météorologiste. Présentateur météo et prévisionniste à La Chaîne Météo (entre 1996 et 2007), puis à Météo News (entre 2007 et 2009) et depuis 2009 à BFMTV, il est également le créateur et responsable de la société Meteo-Villes qui englobe des sites de météo expertisée pour 19 grandes agglomérations. Il est également l'auteur de 4 ouvrages sur les évènements climatiques (les plus connus étant "Quel temps !" et "Y'a plus de saison").

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Atlantico : L'année 2022 a été l'une des plus chaudes jamais enregistrées sur Terre. Pourtant, le schéma climatique récurrent dans le Pacifique tropical - connu sous le nom d'ENSO (El Niño Southern Oscillation) - était dans sa phase froide. De quoi parle-t-on exactement ?

Guillaume Séchet : El Niño est un courant qui fait remonter des eaux chaudes sur la façade Ouest du continent sud-américain, qui se diffusent ensuite vers le centre du pacifique. La Niña fait remonter quant à elle des eaux froides. Dans ce cas, ces eaux plus fraîches provoquent automatiquement un temps plus sec et donc moins d’averses, ce qui constitue des anomalies à grande échelle. Ce phénomène n’est pas nouveau et est très connu dans la région. Le réchauffement climatique perturbe ces phénomènes, qui sont plus longs et plus forts que par le passé. 

Quel est le lien entre ce phénomène climatique et les températures globales ?

Ces courants - froids ou chauds - ont un impact très fort sur le climat de la région. Pour autant, plus on s’éloigne des régions concernées, moins les anomalies sont mesurables. Les climat nord-américain et sud-américains sont fortement influencés par ces courants, tout comme celui de l’Océan Pacifique Sud. L’Europe est aussi concernée, mais les perturbations sont encore mal connues. 

Cette année, le phénomène de La Niña était très fort. Comme les températures ont été particulièrement élevées en Europe, on pourrait être tenté de faire un lien. Pourtant, le rapprochement n’est pas si évident. 

Alors que La Niña à tendance à se réchauffer, quelles peuvent être les conséquences pour la planète ? 

Effectivement, les températures de haute mer commencent à se réchauffer et sont au-dessus de la normale dans certaines régions. Les anomalies semblent plus fortes que les années précédentes, et La Niña va bientôt laisser sa place à El Niño, créant des instabilités et des pluies sur cette région du Pacifique. 

El Niño fait chuter la température de la mer au large de l’Australie et de l’Indonésie et crée un temps sec. Un régime des pluies plus faibles peut bien évidemment avoir de lourds impacts sur l’agriculture. 

Peut-on vraiment craindre des températures dépassant les 50 degrés en Europe, comme l’estiment certains experts ? 

Si les conséquences climatiques d'El Niño et de La Niña sont bien connues en Amérique et dans certaines régions d'Asie, aucune étude n'a pour l'heure démontrée d'effet notable en Europe. Il est tout à fait possible que la température dépasse les 50 degrés sur le vieux continent, mais scientifiquement parlant, il est impossible d’en être certain et d’annoncer que ces températures extrêmes sont liées à ce schéma climatique du Pacifique. 

Comme je l'explique sur mon site, il ne fait aucun doute que l’année 2022 fut atypique en France, avec des températures remarquablement élevées et une succession de périodes anticycloniques entraînant un manque de pluie alarmant. Une anomalie humide, marquée par de fréquents orages, a concerné le début de la saison chaude. Celle-ci a coïncidé avec une atténuation de La Niña, approchant alors d'une phase neutre. On pourrait donc être tentés de faire un rapprochement entre La Niña et un temps plus chaud et plus sec que la normale en France au cours des années 2021 et 2022. Pourtant, cela devient beaucoup moins vrai en se penchant sur l'année 2020. Il est donc difficile d'établir un lien.

Ce réchauffement peut-il également engendrer des phénomènes climatiques extrêmes en 2023 ?

La Niña est particulièrement marquée cette année, ce qui a indéniablement des effets sur le dérèglement de la planète. En tant qu’Européens, nous sommes relativement protégés mais paradoxalement, l’anomalie froide des températures d’une partie du Pacifique a engendré une anomalie chaude du reste de l’Océan. Dès lors, je ne vois pas comment cette anomalie chaude dans le Pacifique pourrait aussi réchauffer l’Europe et l’ensemble des océans de la planète. Il en est de même pour les catastrophes naturelles. Les liens ne sont pas évidents et l'Europe semble encore une fois protégée. 

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