Tourisme : ces taxes de séjour qui augmentent partout<!-- --> | Atlantico.fr
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Des touristes marchent sous la Tour Eiffel, le 25 février 2024.
Des touristes marchent sous la Tour Eiffel, le 25 février 2024.
©DIMITAR DILKOFF / AFP

Vacances

Les taxes de séjour font désormais partie intégrante du voyage, au même titre que les selfies et les boutiques de souvenirs

Olivier Bessy

Olivier Bessy

Olivier Bessy est sociologue Sports-Loisirs-Tourisme, responsable du Master "Loisirs, tourisme et développement territorial" et professeur d'Université au département de Géographie/Aménagement de l'UPPA (Université de Pau et des Pays de l’Adour). 

 

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Atlantico : Que ce soit pour contrôler le tourisme de masse ou pour participer à l’entretien des sites touristiques, les destinations les plus prisées du globe ont tendance à augmenter leur taxe de séjour. Est-ce que cela a un effet sur la fréquentation des destinations ?

Olivier Bessy : À la marge peut-être pour les catégories sociales les plus modestes, mais pour la grande majorité des touristes, le choix d’une destination est davantage suspendu à un imaginaire séduisant et prometteur qui la rend attractive, qu’à un simple calcul économique visant à intégrer le surcoût provoqué par l’augmentation de la taxe de séjour. Ils préféreront limiter leurs dépenses sur d’autres registres que de renoncer à leur destination préférée, car les vacances c’est sacré et s’avèrent être un espace-temps où l’irrationnel prend très souvent le pas sur le rationnel.


Est-ce que cette nouvelle tendance démontre un changement d’approche chez les acteurs du tourisme qui ne cherchent plus forcément à attirer le plus de monde possible ?

Oui et non. 

Oui car de plus en plus d’acteurs du tourisme adoptent une posture de décélération en cherchant à limiter les flux de touristes pour préserver les sites et ménager les habitants. Leur démarche cherche à donner du sens à l’objectif qu’ils se fixent de prioriser un tourisme davantage responsable à savoir plus respectueux des ressources naturelles, culturelles et humaines locales.

Non car les acteurs en charge du développement touristique sont tiraillés entre la définition de politiques touristiques responsables et la mise en œuvre de stratégies touristiques visant toujours plus d’attractivité car source de davantage de rentabilité pour les acteurs de la chaine touristique (transporteurs, hébergeurs, restaurateurs, prestataires de services, commerçants…).

En dépit de certaines avancées, le tourisme reste largement surdéterminé par les enjeux économiques qu’il génère et le découplage avec les logiques environnementale et socioculturelle est aujourd’hui encore trop important. Mais jusqu’à quand ? Ralentir ou périr, il faudra rapidement choisir et se donner les moyens d’une nouvelle politique touristique plus qualitative, raisonnée et éthique. 

Certaines destinations sont très transparentes sur la façon dont l’argent de cette taxe va être utilisé. Pensez-vous que savoir que l’argent dépensé va servir à la préservation de tel ou tel site peut influer le choix d’un lieu de vacances ? 

Oui je le crois dans la mesure où la grande majorité des touristes voient d’un très bon œil ce genre d’actions car ils sont de plus en plus conscients de la pression touristique exercée sur les sites qui génère de nombreux effets négatifs en termes de mobilités polluantes, de dégradation du milieu et de déséquilibres territoriaux.  Le choix d’un lieu de destination sera demain de plus en plus influencé par ce genre d’initiatives qui permet de conforter ses convictions, d’agir concrètement ou a minima de se donner bonne conscience. Mais les comportements touristiques restent paradoxaux aujourd’hui en phase avec la complexité de la société et l’incertitude de l’avenir.

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