Insécurité : illusions régaliennes, ravages criminels<!-- --> | Atlantico.fr
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Le ministre français de l'intérieur et des outre-mer Gérald Darmanin et le préfet de police de Paris Laurent Nunez lors d'une conférence de presse.
Le ministre français de l'intérieur et des outre-mer Gérald Darmanin et le préfet de police de Paris Laurent Nunez lors d'une conférence de presse.
©BERTRAND GUAY / AFP

Ministère de l'intérieur

Selon le préfet de police de Paris, les atteintes aux biens, les effractions et les agressions sont en baisse. Mais sur le terrain, la situation s'aggrave pour la population.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Intérieur, Justice : l'incapacité du tandem régalien à assurer la paix publique en France - pour­tant, sa seule mission - le condamne à mentir ou vitupérer, au profit de la seule médiasphère. Mais sur le terrain, là où vit une population souvent livrée aux bandits et pillards, la situation s'aggrave. Sur les deux premières semaines d'avril, les faits, les preuves.

"Effet de déplacement", mensonges

Voyez, clame le préfet de police de Paris, comme nous avons réduit l'insécurité à Paris et alen­tours ! Atteintes aux biens, effractions, agressions, tout baisse ! Quel succès ! Bien sûr : l'Île-de-France grouille de forces de l'ordre ameutées pour les Jeux Olympiques. Les bandits et autres indésirables (clandestins, mineurs criminalisés, etc.), sont depuis des mois ventilés ailleurs en France - où leur prédation s'aggrave ; ce que taisent le ministre de l'Intérieur, ses préfets et journalistes domestiqués. Deux preuves de l'explosion des cambriolages dans les lieux naguère paisibles, où sont dispersés les refoulés olympiques :

- Alpes de Haute-Provence : cambriolages de locaux industriels et commerciaux - cruciaux pour la population, qu'elle fait vivre et dessert : + 18% en 2023 - donnée honteusement absente de celles fournies par l'Intérieur, sur les seuls logements particuliers.

- Corrèze : cambriolages au début 2024, bond de plus 44% - de 90 en moyenne (1e trimestre 2023) à 130 (1e trim. 2024).

Marseille, cinéma et réel criminel

Le 19 mars, débutait une "opération place nette XXL"-Hollywood, vouée à apaiser la popula­tion des quartiers nord-champ de tir, de la ville. Effet sur le réel criminel, zéro. Pire : un quar­tier préservé virant à Chicago : vingt jours après le lancement du barnum XXL, un bandit est cri­blé de balles devant une station de tramway, avant coup de grâce de deux balles dans la tête - 40 douilles de kalashnikov au sol. Peu auparavant, une dizaine d'individus vêtus de noir et ca­goulés incendiaient des voitures de police devant le commissariat du IIIe - en mode, pas de keufs chez nous. Mais s'il se moque de la com' ministérielle, le milieu criminel ne reste pas inactif entre Marseille et la Corse : des enquêtes en cours montrant sa propension à corrompre certains policiers ou magistrats...

Fusillades, "réglos", tueries

Nord-est de Paris : fusillades, assassinats et incendies entre étrangers non-identifiés ; à Bor­deaux, dans une forêt, "enlèvement, séquestration et tortures", entre bandits, bien sûr ; à Albi, bataille de dealers, l'un a la main tranchée à la machette ; Avignon, bandit blessé par balle ; Viry-Châtillon (91) ado lynché à mort par une fratrie fanatisée, en mode "t'as parlé à ma sœur" ; Villiers-le-Bel (95), bandit gravement blessé par balles ; dans la zone hors-contrôle "Chemin bas d'Avignon" de Nîmes, un dealer de 17 ans lynché, poignardé, laissé nu au sol ; le lendemain même coupe-gorge, fusillade, un bandit de 20 ans prend une balle à la cheville ; Lyon-La Duchère, autre zone hors-contrôle, fusillade, deux "jeunes" blessés aux jambes. Idem à Quimper, ou un "mineur isolé" algérien prend des balles dans le dos et aux jambes.

France : pillages et braquages

À Douai, un supermarché est braqué deux fois en peu de jours par les mêmes bandits ; des ci­metières sont dépouillés de leurs ornements en bronze, etc., revendus à des ferrail­leurs com­plices ; dans l'Aube, cambriolages en série ; un maire local : "Ces dernières années, c'est tou­jours plus fréquent en milieu rural... Un fléau...". Vols de téléphones portables dans des super­marchés des Yvelines. Le voleur ? Un Cubain "sous fiche de recherche". L'impuissance de nos mi­nistres est désormais mondialement connue : les mal­faiteurs viennent de fort loin dé­pouil­ler la France... Pillage des maraîchers : motoculteurs, cuves de récupération d'eau. "On ne va pas commencer à sortir les fusils", s'écrient les paysans exaspérés par ces vols à répétition - Surtout pas ! Sous M. macron, la répression du citoyen de base, gilet jaune, jeune patriote, etc., est féroce. Puy-de-Dôme : explosion des pillages de buralistes, 8 effractions en 2023, 29 en janvier-mars 2024, + 360%. Paris : deux braquages successifs à domicile, des victimes frap­pées, ligotées, me­nacées de mort, parfois torturées et dépouillées de leurs biens.

Zones hors-contrôle

À Paris XVIII, une rue plongée dans le noir par les trafiquants de drogue ayant "arraché les câbles d'un bloc électrique" pour être tranquilles. Dans les zones hors-contrôle de Nîmes, les employés des centres sociaux ou culturels travaillent "la boule au ventre" entre deux fusil­lades ou agressions des bandits. Même, la médiathèque du coupe-gorge Pissevin est fermée de ce fait. Notons que naguère, ces lieux avaient subi un barnum XXL ; mais bien sûr, ces sima­grées laissent impavides des bandits s'affrontant au quotidien à l'arme de guerre.

Faits-divers ! S'exclameront bien sûr avec mépris les médias domestiqués. Non : les faits ci-des­sus décrits sont symptomatiques d'une impuissance. Que ces médias aveugles nient le réel cri­minel aura pour seul effet d'exaspérer plus encore ses victimes. Jadis, ces mé­dias vécu­rent une longue extase maoïste. Rappelons-leur cette pensée-Mao : "L'œil du paysan voit juste". Eh bien, celui de l'électeur, tout autant.

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