Européennes : et au fait, sur quels enjeux se joue la campagne électorale ailleurs dans l’UE ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une affiche géante annonçant les prochaines élections européennes, sur la façade du bâtiment du Parlement européen, à Strasbourg.
Une affiche géante annonçant les prochaines élections européennes, sur la façade du bâtiment du Parlement européen, à Strasbourg.
©FREDERICK FLORIN / AFP

Eurodéputés

Les électeurs européens s'apprêtent à choisir leurs représentants au Parlement européen en juin prochain. Entre l'immigration, la guerre en Ukraine ou la crise économique, quels sont les principaux enjeux des campagnes électorales chez nos voisins européens ?

Rodrigo Ballester

Rodrigo Ballester

Rodrigo Ballester dirige le Centre d’Etudes Européennes du Mathias Corvinus Collegium (MCC) à Budapest. Ancien fonctionnaire européen issu du Collège d’Europe, il a notamment été membre de cabinet du Commissaire à l’Éducation et à la Culture de 2014 à 2019. Il a enseigné à Sciences-Po Paris (Campus de Dijon) de 2008 à 2022. Twitter : @rodballester 



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Christophe Barret

Christophe Barret

Christophe Barret est attaché d’administration aux Archives nationales. Historien de formation, il est en charge de projets éducatifs interculturels, notamment entre la France et l'Espagne, et est l'auteur de Podemos. Pour une autre Europe ? aux éditions du Cerf (2015).

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Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud est professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble depuis 1999. Il est spécialiste à la fois de la vie politique italienne, et de la vie politique européenne, en particulier sous l’angle des partis.

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Atlantico : Quels sont les principaux enjeux sur lesquels se joue la campagne électorale chez nos voisins européens en Allemagne et en Italie ?

Rodrigo Ballester : En Italie, la question numéro un, et de loin, est la migration illégale et, en particulier, son impact sécuritaire et culturel. Un sujet sur lequel Meloni n’a pas vraiment convaincu pour l’instant et qui a récemment défrayé la chronique avec le cas de classes primaires dans lesquelles les élèves italiens étaient minoritaires. Le deuxième sujet est la guerre en Ukraine, une cause plus soutenue par le gouvernement que par une opinion publique lasse. Finalement, les rumeurs vont bon train sur une possible alliance entre Meloni et Von der Leyen alors que l’Italie reste très dépendante financièrement des fonds européens tandis que la présidente de la Commission est dans une position de faiblesse et contestée même par le Parti Populaire Européen. 

En Allemagne, la migration est également un sujet primordial qui explique depuis des mois la flambée du parti AfD ainsi que le succès apparent de la Liste Sarah Wangenknecht, un nouveau parti de gauche « ancienne école », donc contraire à l’immigration et à l’idéologie woke. Les conséquences économiques de la guerre et l’impact néfaste des politiques vertes de la coalition actuelle sur l’industrie (selon certains, un vrai suicide) sont également en haut de l’agenda. 

Christophe Bouillaud : Il me semble que l’on assiste tout d’abord dans ces deux grands pays voisins à des campagnes électorales typiques des élections de mi-mandat. En Italie, le gouvernement Meloni est en place depuis l’automne 2022. En Allemagne, le gouvernement Scholz est en place depuis l’automne 2021. L’action passée du gouvernement en place sera donc passée en revue, et elle influera beaucoup sur les résultats. Les oppositions joueront aussi leurs partitions respectives. Par ailleurs, comme dans les deux cas, ce sont des gouvernements de coalition qui gouvernent les différents partis ainsi alliés au pouvoir essayent de tirer avantage de la situation. En Italie, Frères d’Italie (FdI), le parti de la Présidente du Conseil, Giorgia Meloni, résiste plutôt bien, selon les sondages actuels, à l’exercice du pouvoir. Il reste le premier parti italien en intention de vote, autour de 25/27%, contrairement à son allié de la Ligue, dirigé par Matteo Salvini, avec 7/8% qui devrait connaître un très mauvais résultat, au contraire de Forza Italia (FI), le parti de feu Silvio Berlusconi, qui semble résister étonnement bien à la disparition de son fondateur à 8/9%. En Allemagne, au contraire, le SPD, parti du chancelier, Olaf Scholz, est en très nette perte de vitesse, tout comme ses deux alliés, les Verts et les libéraux du FDP.

A ce stade, dans les deux pays, comme en France, aucun thème vraiment différent de celui qui aurait cours dans une élection nationale qui aurait lieu au même moment ne ressort nettement : l’inflation, la croissance, l’endettement, l’immigration, la guerre en Ukraine, la situation au Moyen-Orient, etc. sont au centre de l’attention, mais serait-ce différent dans une élection nationale ?

Par contre, il me semble qu’en Allemagne, le poids de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) dans les sondages va donner une tournure très pro- ou anti-européenne à la campagne. Sous le terme d’anti-européen, il faut en effet ajouter cette touche nouvelle à la panoplie de l’AfD, créé d’abord en 2013 pour empêcher la solidarité financière de l’Allemagne au sein de la zone Euro, puis refondé de fait en 2015 comme parti anti-migrants et galvanisé en 2020 comme parti « anti-vax » : le pacifisme pro-russe, fortement lié à la volonté de ses électeurs de conserver un mode de vie énergivore à bas prix. Dans ce camp pro-russe, il faut ajouter l’inconnue du score du nouveau parti de « gauche nationaliste », l’Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice (BSW), scission de die Linke.

En Italie, la situation est un peu moins favorable à une mise en avant de la thématique pro-anti européenne, car la majorité et l’opposition sont très divisés sur ce point. Historiquement, la droite actuellement au pouvoir était le camp le plus eurosceptique depuis le début des années 1990. Actuellement, seule la Ligue campe sur cette position eurosceptique, qui est la sienne depuis la fin des années 1990. Au contraire, Giorgia Meloni semble avoir adopté une ligne d’intégration au mainstream européen, suivant en cela son allié FI, membre du PPE. Dans l’opposition, les deux grands partis, le Parti démocrate (PD) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S), sont sur des lignes complètement opposées. Le PD reste fidèle à sa ligne européiste de toujours. Le  M5S dirigé par Giuseppe Conte tient au contraire une ligne ultra-pacifiste, donc objectivement très critique de l’action de l’Union européenne et du gouvernement Meloni dans le conflit ukrainien, avec une forte touche d’inspiration catholique et de respect au Pape François, alors même que le M5S n’a a priori aucune racine dans le catholicisme politique italien contrairement au PD.  A ces deux grands partis d’opposition, il faut ajouter une myriade de petits partis centristes pro-européens, qui se sont coalisés dans une liste «Etats-Unis d’Europe ».

Il me semble que pèse aussi ici l’échec du système dit du « Spitzenkadidaten ». Soi-disant, lors des dernières élections européennes (2009, 2014, 2019), les principaux partis européens (Parti populaire européen, Parti socialiste européen, Alliance des libéraux et démocrates pour l’Europe, Parti vert européen, etc.) devaient choisir leur candidat pour occuper la Présidence de la Commission européenne et le poste irait au parti européen arrivé en tête à l’échelle continentale. Cette année, le PPE a choisi lors d’un congrès à Bucarest Ursula von der Leyen, mais sans aucun enthousiasme. Le PSE aussi. Cependant, ce mécanisme ne fonctionnera sans doute pas pour intéresser les électeurs à cette élection européenne de 2024, puisque Emmanuel Macron a fait le choix de le saboter en 2019 lorsqu’Ursula von der Leyen a été imposée contre le candidat choisi par PPE, Manfred Weber. Comment se passionner pour une compétition dont le résultat ne compte pas ?

Quels sont les sujets centraux au coeur de la campagne dans le cadre des européennes en Espagne et au Portugal ? Quelle est la situation pour l'Espagne ? 

Christophe Barret : Sans surprise, en Espagne comme chez nous, l’enjeu est avant tout national. La principale question est de savoir si le PP aura sa revanche après avoir perdu les élections législatives l’an dernier. Les sondages emblent lui accorder cette victoire, au niveau national, sur les socialistes. En Espagne, rappelons-le, l’élection au parlement européen se joue à la proportionnelle au niveau national, comme autrefois chez nous : il n’y a pas de listes régionales. Le sondage Electromania publié ce dimanche donne en effet 38,1 % des voix au PP, 26,3 au PSOE et 10,9 à Vox – qui serait donc la troisième force du pays.

En cas de nette victoire, le patron du PP Alberto Núñez Feijóo pourrait réclamer des législatives anticipées à Pedro Sánchez, qui pour l’instant ne veut pas en entendre parler. Les débats tournent autour de la future loi d’amnistie des indépendantistes catalans et de ce que la droite estime être une trop grande dépendance du gouvernement central du Pays-Basque (dirigé par la droite, mais une droite autonomiste opposée à toute centralisation de l’Espagne et soutenue par les socialistes locaux !) et de Catalogne. 

Au Portugal, on verra si la logique du « cordon sanitaire » entre socialistes et conservateurs est validée par leurs électeurs après que le jeune parti de la droite la droite Chega, dirigé par André Ventura, ait effectué une percée remarquable, il y a un mois, à l’occasion des élections législatives.

Rodrigo Ballester : Curieusement, l’Espagne semble échapper à ces sujets de dimension européenne. Et pour cause : le pays est totalement séquestré par la politique interne extrêmement clivante de Pedro Sánchez, par sa coalisation qui ne tient qu’à un fil, ses violations constantes de l’état de droit, les élections basques et catalanes dans les prochaines semaines (et dont son avenir dépend) et un scandale de corruption monumental dans lequel baigne sa propre épouse. Dans ce contexte, seul la révolte des agriculteurs et l’immigration illégale (qui est un vrai sujet, surtout dans les îles Canaries) semblent à peine sortir du lot national.

Quels sont les thèmes de campagne majeurs dans le cadre des européennes dans les pays du Nord de l’Europe ?

Rodrigo Ballester : Encore une fois, la migration, sujet primordial qui a fait flancher les gouvernements de gauche en Finlande et en Suède, deux pays désormais gouvernés par des coalitions de droite. Et, bien entendu, la guerre et la menace russe seront déterminants. 

Quels sont les idées centrales  qui animent les débats de la campagne des européennes dans les pays à l’Est de l’Europe, en Hongrie et en Pologne notamment ?

Rodrigo Ballester :  En Hongrie, ultime bastion conservateur et souverainiste après le changement de gouvernement en Pologne, trois sujets s’imposent : la guerre (Orbán misant ouvertement pour des accords de paix), la migration (le gouvernement hongrois vient d’affirmer qu’il ne mettra pas en œuvre le pacte migratoire adopté récemment à Bruxelles) et le « genre », en référence aux dérives woke imposées à leurs yeux par l’UE et au chantage financier (notamment en excluant les universités hongroises d’Erasmus) que le pays subit, entre autres, à cause des lois de protection des mineurs qui proscrivent l’idéologie de genre. Par ailleurs, la campagne sera également marquée par l’irruption du mouvement politique de Péter Magyar, ex-mari de l’ex-ministre de justice, ancien homme du sérail, qui enregistrait son épouse à la maison, à son insu, en vue de lancer sa propre carrière après son divorce. Il serait crédité d’un pourcentage non négligeable qui proviendrait plus des voix de l’opposition que des électeurs de Fidesz. 

En Pologne, la situation est marquée par la polarisation extrême du pays et la superposition entre la politique nationale et européenne : le gouvernement Tusk est viscéralement pro-européen alors que l’ancien de Morawiecki est foncièrement souverainiste et hostile à Von der Leyen. Ces élections seront tant un plébiscite envers le gouvernement qu’envers l’UE. 

Sinon, la Slovaquie semble se ranger derrière les positions hongroises alors que le gouvernement de la République Tchèque se montre bien plus pro-UE et pro-Ukraine. Quant aux pays Baltes, la question de la guerre, de la défense est tout simplement vitale. 

Quelles pourraient être les conséquences politiques sur le vote final de ces principaux thèmes de campagne au sein des pays de l’UE ? Cela donne-t-il des indices sur la future composition du Parlement européen et sur les aspirations des citoyens européens ?

Rodrigo Ballester : Sur la composition du futur Parlement, très certainement. Les sondages prévoient une dégringolade des verts et des libéraux et une montée significative des partis conservateurs et souverainistes sans que cette percée soit décisive. Le Parlement sera nominalement nettement à droite mais tout mène à penser que le Parti Populaire Européen reconduira sa coalition avec les socialistes et les libéraux qui en fait, de facto, un parti plutôt à gauche. L’UE sera-t-elle plus ferme sur la migration et plus pragmatique sur le changement climatique ? Cela dépend également du prochain Président de la Commission. Le résultat des élections ne sera donc pas décisif, mais verra tout de même l’UE basculer légèrement sur sa droite, ce qu’une majorité de citoyens appellent de leurs vœux.  Et il vaut mieux qu’elle ne se barricade pas et se montre perméable à ces demandes, sinon, le résultat des élections de 2029 risque bien d’être l’assaut final souverainiste. 

Christophe Barret : Comme thème vraiment transeuropéen, je ne vois que celui de l’émigration. Il est brandi en Espagne par Vox et, en hâte, lui ont donné échos les forces qui ont adopté au Parlement européen le « Pacte sur la migration et l’asile ».

Les autres thèmes évoqués lors de la campagne des autres pays seront peu ou pas du tout abordés. Saut, peut-être, les questions du changement climatique, dans un pays touché de manière préoccupante par l’aridité et la sécheresse, et la question de la guerre ou de la paix en Europe et au Proche-Orient.

En Espagne, on guette en priorité le possible virage à droite des institutions européennes.

Christophe Bouillaud : Dans tous les pays, on devrait retrouver ce mélange habituel entre une élection très nationale au fond et des lignes de fracture qui finissent par se retrouver au niveau européen. Clairement, les sondages disponibles indiquent une poussée des droites extrêmes. Cela correspond au mélange de trois phénomènes distincts, deux fort habituels depuis un quart de siècle au moins et un nouveau : premièrement, le refus de l’immigration, du multiculturalisme, du changement culturel en général ; deuxièmement, le déclassement économique souvent plus subjectif qu’objectif ; troisièmement, fait nouveau en cette année 2024, le pacifisme, objectivement pro-russe. Ce dernier point va constituer l’atout de certains partis lors de ces élections européennes qui se déroulent clairement dans un climat de peur d’un conflit avec la Russie. De fait, les déclarations d’Emmanuel Macron sur la possibilité d’envoyer des troupes européennes en Ukraine, largement reprises aussi bien en Allemagne qu’en Italie, ont accentué la perception par les opinions publiques d’un risque de guerre. Cela profitera sans doute aux partis se présentant comme pacifistes.

Cependant, au niveau européen, il faut bien rappeler que toutes les extrêmes-droites ne jouent pas la carte russe. En Italie, les postfascistes de FdI restent atlantistes.  Globalement, l’équilibre général du Parlement européen va bouger vers la droite, mais le bloc pro-russe d’extrême-droite restera minoritaire et isolé. Notons aussi que les services secrets de la République tchèque ont ouvert le bal des révélations sur les liens entre certaines personnalités d’extrême-droite et la centrale moscovite qui les fait agir. D’autres révélations peuvent survenir d’ici le mois de juin.

La campagne électorale en France et les principaux thèmes abordés pour les européennes dans l’Hexagone sont-ils vraiment très éloignés des enjeux au coeur du scrutin chez nos voisins européens ? La France a-t-elle tendance à présidentialiser la campagne des européennes et à passer à côté des enjeux essentiels ? La liste de la majorité présidentielle est-elle en partie responsable de cette orientation de la campagne des européennes en France ?

Rodrigo Ballester : Pour la première fois, et c’est en soi remarquable, des sujets cruciaux convergent au-delà des frontières et des enjeux nationaux. C’est une grande nouveauté, car auparavant, les questions nationales étaient largement dominantes dans les campagnes européennes et cette fois-ci, c’est en partie différent. En effet, quatre sujets communs à de nombreux pays semblent émerger : la migration, la guerre en Ukraine et ses retombées énergétiques et économiques, les politiques vertes  perçues comme dogmatiques et, dans une moindre mesure, la souveraineté et son corollaire, l’imposition idéologique, de « haut en bas » des dérives woke. Malgré l’importance des questions nationales dans la campagne, la France ne semble pas être une exception, je n’ai pas l’impression qu’elle passe à côté de sujets essentiels, bien au contraire. 

Bien entendu, le vote national reste très pertinent, mais jamais l’UE et son incarnation la plus évidente et médiatique, Ursula Von der Leyen, n’ont jamais été aussi présents dans la campagne. Le clivagecentraliste/ fédéraliste contre souverainiste qui polarise toute l’UE, est bien représenté par la liste de la majorité présidentielle et celle du Rassemblement nationale et Reconquête et, dans une moindre mesure, les Républicains.

Christophe Bouillaud : Comme dans chaque pays, ce sont d’abord les rapports de force entre la majorité au pouvoir et les oppositions nationales qui sont en cause lors de l’élection européenne, la situation française n’est pas différente en substance. Les élections européennes se sont 27 élections nationales juxtaposées. Il n’y a aucune responsabilité particulière en la matière du pouvoir actuel.

Comme ailleurs, les enjeux restent donc nationalisés. Est-ce à dire qu’ils ne sont pas essentiels ? Et que seraient ces enjeux essentiels ?

Et comme ailleurs, l’européanisation de la campagne va passer essentiellement cette année par le positionnement de chacun de partis vis-à-vis de la Russie : désir de soutenir l’Ukraine dans le maintien de sa souveraineté, ou pacifisme pro-russe au nom d’un égoïsme national proclamé ? En France, la situation est, me semble-t-il, aussi polarisé qu’en Allemagne : le principal parti d’opposition, le RN, est de fait pro-russe en dépit de ses évolutions récentes, et la majorité présidentielle s’affiche pro-ukrainienne. Il faut aussi rappeler à gauche la position de la France Insoumise (FI), tout aussi pacifiste, et objectivement pro-russe par « campisme » anti-américain, à la manière d’un Lula au Brésil. La différence tient par contre au fait que les électeurs du RN ou de la FI seront sans doute pour la plupart largement pro-russes en juin 2024 à l’insu de leur plein gré, se sentant eux-mêmes seulement pacifistes ou, s’ils sont sincères avec eux-mêmes, simplement couards ou égoïstes.  Les discours du RN ou de la FI me paraissent en effet bien plus rusés que celui de l’AfD, plus clairement filo-russe. En Allemagne, la situation est donc plus claire pour les électeurs eux-mêmes, plus inquiétante du coup pour le projet européen.

Christophe Barret : Je l’ai dit, il me semble qu’il y a un thème commun principal : celui de l’immigration. Mais notez-bien que les Espagnols l’envisagent de leur point de vue de porte d’entrée des personnes migrantes en Europe. Et, à gauche comme à droite, il y a une volonté outre-Pyrénées de nous voir partager le fardeau qui ne sera peut-être pas partagée chez nous, ce qui n’est peut-être pas l’avis de ceux qui mettent la question migratoire au cœur du débat franco-français.

De mon point de vue, beaucoup de forces politiques instrumentalisent les questions d’actualité, à des fins différentes. Mais, après tout, c’est bien cela faire de la politique ! 

Et, en ce moment, l’attention en Espagne est focalisée sur les élections au Parlement Basque, qui auront lieu dimanche prochain 21 avril, et au Parlement de Catalogne le 12 mai. 

L’inoxydable Puigdemont reste le principal élément perturbateur du jeu politique espagnol !

Christophe Barret est Historien et essayiste

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