Mais au fait, c’est quoi le problème de l’Iran avec Israël ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Téhéran : manifestation anti-régime suite à la mort de la militante féministe Mahsa Amini.
Téhéran : manifestation anti-régime suite à la mort de la militante féministe Mahsa Amini.
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Ça s’en va et ça revient

Jusqu’en 1979 et l'arrivée des ayatollahs, les deux nations étaient les meilleures amies du monde. Elles pourraient le redevenir.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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L’Iran attaque Israël, Israël réplique, l’Iran se venge, Israël riposte… 45 ans que ça dure. Sur les chaînes d'info, morts et dégâts matériels cyniquement mis de côté, ça pourrait remplacer la chronique du chassé-croisé estival au péage de Saint-Arnoult. Un vrai marronnier.

Car à la longue, on en viendrait presque à se dire qu’il est dans l’ordre des choses, ce conflit semi-permanent. Pratiquement une loi naturelle : les juillettistes reprennent le boulot, les aoûtiens enfournent glacières et parasols dans le coffre de la Clio, l’Iran et Israël se menacent d’annihilation mutuelle… Qu’est-ce qu’on y peut ?

Mais c’est quoi, en fait, le problème entre ces deux pays ? Distants d’un bon 2000 kilomètres, sans frontière commune ou différend territorial, prophylactiquement séparés par un Irak avec lequel aucun des deux n’est pote, leurs raisons concrètes de s’envoyer des missiles sur la tronche sautent encore moins aux yeux qu’un attentat-suicide raté.

Et d’ailleurs, ça n’a pas toujours été comme ça. Jusqu’en 1979, Jérusalem et Téhéran étaient notoirement les meilleurs amis du monde. Ils avaient des ambassadeurs l’un chez l’autre, s’achetaient et se vendaient des trucs et des machins et coopéraient même sur le plan militaire, ce qui passe pour un sérieux indice d’harmonie géopolitique. 

Mieux, l’Iran avait été le deuxième pays musulman après la Turquie à reconnaître la souveraineté de l’État juif entre, argh, la mer et le Jourdain...

C’est l’arrivée aux manettes de Khomeini, un imam rigoriste de la banlieue parisienne, et la transformation subséquente d’une dynamique monarchie séculaire en république islamique qui changera la donne : ambitieux, les fondamentalistes chiites avaient besoin d’une cause fédératrice susceptible de leur rendre l’influence sur le monde musulman que prétendaient leur chiper les sunnites turcs et saoudiens (en substance s’entend. Je suis juste chroniqueur, c'est mon frangin qui est prof d'histoire). 

Repeignant alors Israel en « tumeur cancéreuse vouée à la destruction », le régime se mettra à financer, d’abord officieusement, puis plus ouvertement, le Hezbollah libanais, le Hamas gazaoui et les Houthis yéménites, lesquels se chargeront de faire entrer l'expression « proxy war » dans les dictionnaires. The rest is history... 

Mais que les ayatollahs, de moins en moins populaires en interne, se fassent enfin la malle et rien ne devrait plus s’opposer à ce que l’Iran ne redevienne le grand pays pacifique, riche et respecté qu’il aurait dû ne jamais cesser d’être. Il accueillerait de nouveau des touristes qu’il ne flanquerait plus en prison pour espionnage, rouvrirait ses usines Peugeot, et ne se disputerait plus avec Israel que dans des stades de foot.

Pour le bordel estival au péage de Saint-Arnoult, en revanche, on n'entrevoit pas de solution.

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