Panique budgétaire au sommet de l’Etat : ces 5 dangers pires encore que la dette (et que personne ne veut voir) <!-- --> | Atlantico.fr
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Le président de la République a convoqué plusieurs de ses ministres face à ce qui est décrit comme une situation de crise aussi bien budgétaire que sondagière, Le Figaro évoquant l’atteinte d’une côte d’alerte.
Le président de la République a convoqué plusieurs de ses ministres face à ce qui est décrit comme une situation de crise aussi bien budgétaire que sondagière, Le Figaro évoquant l’atteinte d’une côte d’alerte.
©JOEL SAGET / AFP

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Le président de la République a convoqué plusieurs de ses ministres face à ce qui est décrit comme une situation de crise aussi bien budgétaire que sondagière, Le Figaro évoquant l’atteinte d’une cote d’alerte.

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega est universitaire, spécialiste de l'Union européenne et des questions économiques. Il écrit sous pseudonyme car il ne peut engager l’institution pour laquelle il travaille.

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Atlantico : Le président de la République a convoqué plusieurs de ses ministres face à ce qui est décrit comme une situation de crise aussi bien budgétaire que sondagière, Le Figaro évoquant l’atteinte d’une cote d’alerte. Panique budgétaire, rigueur, mur de la dette etc… La sémantique employée dans le débat public pour évoquer la situation financière de la France vous paraît-elle appropriée ? 

Don Diego de la Vega : Le premier problème, me semble-t-il, c’est le mot crise. La crise, comprenons-nous bien, c’est quand on se brise une jambe au ski. Une jambe fracturée, c’est embêtant, il faut mettre un plâtre, suivre une thérapie. Six mois plus tard, cependant, on peut de nouveau gambader. La situation, en France, est très différente : elle revient de façon assez systématique, avec toujours la même fréquence, peu ou prou. Nous faisons toujours face à des prévisions de croissance trop optimistes, lesquelles engendrent un déficit plus haut que prévu puisque les recettes fiscales attendues ne sont pas là. Dans ce cas de figure, il ne faut pas parler de crise. Ce n’en est pas une. Nous reproduisons la même histoire en boucle, le même ADN de façon mécanique et c’est encore plus vrai depuis qu’Emmanuel Macron est devenu président de la République. 

Nous nous basons sur des schémas de prévisions très optimistes, qui engendrent ensuite une forme de panique budgétaire ou de panique fiscale, quand l’on s’aperçoit qu’il y a un trou non anticipé dans la raquette.

Bien évidemment, le mot panique ne convient pas non plus. Ces gens-là savaient évidemment que nous n’aurions pas 1,4% de croissance, ni même 1%. Ils étaient au courant de la crise ukrainienne qui s’éternise depuis plus d’un an déjà, de la réalité d'un commerce international ou de la situation de la croissance chinoise. La réalité, dès lors, c’est que les déceptions concernant l’activité française émanent de la France plus que du contexte international. S’il fallait cependant attribuer une responsabilité extérieure, celle-ci retomberait sur l’Allemagne. Ce qui, évidemment, s’avère très difficile (sinon impossible) à envisager sur le plan diplomatico-médiatique. Après tout, dans ce domaine, nous avons affaire à des gens qui suivraient l’Allemagne jusqu’en enfer. Même face à l’évidence, même devant un certain nombre d’éléments factuels ou la conjoncture, ils se refusent à lui attribuer la moindre part de responsabilité.

Nous faisons aujourd’hui face à une sémantique faussement catastrophiste, alors que tous les éléments qui permettaient d’anticiper le problème étaient là, identifiés, depuis des mois. Cela fait des mois et des mois que les recettes fiscales sont décevantes. C’est pourquoi, d’ailleurs, nous avons besoin de faire croire que cela devient urgent aujourd’hui : il faut bien pouvoir se justifier d’un tel problème à l’approche du contexte électoral, pouvoir assurer également que des gens se réunissent pour essayer de trouver des solutions. Malheureusement, la solution nous la connaissons : c’est celle du rabot dans sa version forfaitaire. Puisque personne n’a pu imaginer une sortie par le haut il y a quelques mois de cela, c’est-à-dire penser à de vrais éléments de réformes du nouveau périmètre de l’Etat, nous sommes bien forcés de nous en remettre au toilettage budgétaire.

Rappelons en effet que nous sommes passés par plusieurs prévisions de croissance. D’abord, une prévision à 1,4. Puis à 1. Finalement, nous nous doutons bien que l’on fera probablement 0,6. Cela n’a peut-être l’air de rien, comme ça, mais cela représente un trou dans la raquette d’une quinzaine de milliards d’euros par an. C’est dix points de croissance de perdus, entre dix et quinze milliards d’euros de manque à gagner pour l’Etat. Voilà l’enjeu, voilà de quoi nous parlons. Il faut aussi préciser que nous avons non seulement récupéré moins d’argent, mais aussi que l’on en a dépensé plus qu’initialement annoncé. Cela peut résoudre de petits cadeaux faits à des clientèles proches du pouvoir (comme cela peut être le cas pour nos aînés, par exemple, mais aussi pour les agriculteurs encore récemment) comme cela peut émaner d’éléments exogènes. 

Force est de constater que nous avons tendance à nous laisser aller du point de vue des dépenses. Du seul côté des retraites, on accuse un trou de dizaines de milliards d’euros, sinon plus. 

Il y a un troisième élément qu’il convient également de prendre en compte, bien qu’il ne soit pas aussi bien documenté : la France, comme l’Allemagne, a tendance à ne budgéter l’intégralité de ses dépenses, ce qui ne suffit pourtant pas à les effacer. Il lui arrive donc de dépenser de l’argent en douce, dans des structures non budgétaires. Or, ces dépenses peuvent aussi engendrer des déceptions quand elles ne s’avèrent pas très rentables. Les exemples Orpea ou Atos méritent d’être mentionnés. Tout cela explique, au global, pourquoi nous n’avons pas nécessairement des marges de manœuvre énormes. Au total, c’est près de 20 milliards qu’il faudrait économiser pour tenir le déficit, aujourd’hui estimé à 4,9%. Bien sûr, tout porte à croire qu’il sera plus élevé que cela, d’autant que la croissance pourrait être négative dans les mois à venir. 

Ce renoncement français à la croissance  

Pour vous, le niveau de la dette et des déficits est bien sûr un problème mais beaucoup plus parce qu’ils sont des symptômes de maux français qu’en tant que dangers mortels en soi. Et parmi ces maux très français, le premier serait celui de la résignation à un contexte macro économique de croissance faible, pourquoi ?

Soyons clairs : officiellement, personne ne se résout aujourd’hui à un contexte de croissance faible. J’en veux pour preuve les substantielles prévisions de croissance que nous avons précédemment évoquées. Pour autant, il est indéniable qu’il y a une sorte de résignation, que nous ne faisons rien pour véritablement atteindre ces chiffres-là. On espère effectivement l’atteindre, mais notre façon de faire ne diffère pas de la méthode Coué. Si on voulait véritablement de la croissance, on irait la chercher, quitte à le faire avec les dents, ce qui impliquerait un système à deux jambes. La première, structurelle, ne rapportera rien à court terme mais permettra d’engager des gains en matière de productivité. Oeuvrer pour ça, cela va sans dire, n’a rien d’évident, et nous aurions eu tout intérêt à nous lancer sur ces chantiers dès 2017. La deuxième jambe, conjoncturelle, relève plus de stimulations. Or, le contexte actuel est très incertain, la croissance faible et la récession industrielle fait de gros dégâts depuis deux ans désormais. Il est assez évident qu’il ne faudrait donc pas s’adonner à la technique du rabot, ou à tout le moins à le faire intelligemment. Au risque sinon d’aggraver nos difficultés conjoncturelles. 

A défaut de se résoudre à une croissance faible, il implique au moins de constater que nous n’en avons pas aujourd’hui. Rien ne sert de prier pour que la croissance se fasse, alors que les conditions ne sont pas réunies. Il faut mettre en place le cadre dans lequel la croissance est possible. Or, cela fait plus de dix ans que nous ne tirons pas les leçons des problèmes que nous rencontrons. L’administration actuelle, qui était déjà aux affaires à l’époque, essaie de nous revendre la théorie de l'alignement des astres. La désinflation observée signifierait que l’inflation reflue et donc les taux d’intérêts refluent aussi. Il serait théoriquement logique de s’attendre à une baisse du prix du baril et à une hausse du pouvoir d’achat dans les années à venir. C’est un discours que l’on tenait déjà entre 2012 et 2014. Hélas pour nous, ce n’est pas comme cela que ça s’est passé. Ces gens-là n’avaient pas compris que si les taux d’intérêt avaient baissé, ce n’était pour les bonnes raisons, de même que l’inflation.

Malheureusement, nous sommes en train de rejouer cette comédie. Une fois encore, nous confondons la bonne et la mauvaise désinflation. Il y a donc fort à parier que, l’année prochaine, nous assistions à une redite du drame déjà joué il y a quelques années quand nous tablerons sur 1 à 1,5% de croissance. Parce que le résultat final avoisinera probablement les 0,5, il faudra trouver une quinzaine de milliards d’euros d’économies pour colmater les brèches.

Un État obèse ET de plus en plus faible 

Deuxième péril pire que la dette elle-même à vos yeux, l’incapacité de l’Etat français à se réformer ou à raisonner en termes de productivité par euro de dépense publique investi, ce qui se traduit en général par une logique du rabot budgétaire. La mobilisation actuelle du gouvernement vous paraît-elle pouvoir échapper à cette malédiction tricolore ?

Commençons peut-être par rappeler à quoi correspond la logique du rabot budgétaire. Concrètement, c’est ce que l’on met en place quand on a échoué à repenser l’Etat et la réforme de celui-ci qui impliquerait de prioriser le régalien. Nous n’avons pas fait la réforme de l’Etat, des collectivités locales, des différents organismes sociaux. En bref, nous n’avons pas été stratèges et le travail n’a donc pas été fait en amont. Par conséquent, nous nous retrouvons face à une montagne : un problème budgétaire dont il faut tenir compte, pour pouvoir présenter une politique convenable au regard des électeurs Français… et surtout des Allemands. C’est dans ce genre de situations que l’on pratique le rabot. La plupart du temps, il s’agit fondamentalement d’un gel de crédits pratiqué de façon forfaitaire. On pourrait presque parler d’une méthode de coupe militaire, qui peuvent aller de 10 à 20% parfois. Les investissements sont reportés, sinon annulés, faute de pouvoir s’en prendre à la dépense publique, qui sert pour une bonne part à rémunérer les retraités ou les fonctionnaires. Parce que c’est souvent quelque chose que l’on fait au dernier moment, il faut le faire un peu partout pour éviter que cela ne grince trop et on applique alors la politique du one size fits all, à l’aveugle.

Force est de constater que, en France, on commence à se faire un peu de soucis au sujet du déficit et de la dette. Plusieurs ouvrages ont été publiés à ce propos d’ailleurs, mais cela ne veut pas dire qu’il s’agit de la thématique qui inquiète le plus nos acteurs politiques. D’aucuns supposent en effet que la Banque centrale européenne pourrait très bien racheter une partie des dettes pour ensuite annuler celle-ci dans son bilan. De plus, le marché lui-même n'exprime pas une urgence particulière sur cette question. Le marché financier est plutôt bonne pâte. Il achète de l’assurance vie… Ce qui est le symptôme d’un certain gaspillage ou à tout le moins d’une mauvaise gestion. Je ne sais pas si j’irais nécessairement jusqu’à parler de malédiction tricolore, parce que ce n’est pas exactement une spécificité de la France. De nombreux autres pays font également preuve d’une grande difficulté à gérer leurs finances en adultes responsables. C’est le cas, entre autres, des Etats-Unis. Mais il faut bien comprendre que la situation des Etats-Unis n’est pas la même que celle de la France. C’est un véritable luxe que l’Hexagone ne peut guère s’accorder. Prenons l’exemple des gains de productivité : ils sont plutôt faibles aux Etats-Unis et chez nous, ils sont… négatifs. C’est une différence de situation énorme, qui a beaucoup d’impact sur la robustesse de nos économies respectives. D’autant plus que, dans le cas de la France, il n’est plus vraiment possible de dire qu’elle est maître de son destin.

La France est confrontée à l’absence totale d'État stratège. Nous faisons face à une période de pic médiatique où les priorités changent toutes les 48h en macronie. 24h d’écologie, puis 24h de guerre en Ukraine, puis 24 de sérieux budgétaire avant de passer sur 24h d’agriculture, par exemple. Il n’y a pas de continuité de l’Etat et donc pas de croissance, mais des taux d’intérêts qui se hissent entre 2 et 4%. Ce n’est plus au rabot qu’il faut s’attendre, mais au méga-rabot désormais.

La rigueur, remède pire que le mal ? 

Troisième mal pire que la dette, le risque d’adopter une politique pro cyclique qui accentuerait donc le ralentissement économique (voire précipiterait la France vers la récession) et aggraverait par la même l’état des finances publiques en réduisant les rentrées fiscales. La France étant incapable de rigueur budgétaire quand ça va bien, sommes nous condamnés à une lente dérive ?

Une fois encore, je ne sais pas si on peut aller jusque là. Ce que l’on sait, c’est que la croissance a disparu aux alentours d’avril 2022. Depuis lors, il faut composer avec des secteurs qui n’affichent plus aucune croissance, comme cela peut être le cas dans l’immobilier ainsi que dans tous les secteurs dépendant du crédit (ces derniers ayant souffert de l’action de la BCE). Dans d’autres, cependant, il reste un petit résidu de croissance, lié notamment à la déplétion de l’épargne. Il y a eu une réelle dépression de l’épargne “covid”. Les Français disposaient, en avril 2022, de bas-de-laine bien fournis qui leur ont permis de continuer à dépenser. Cela a contribué à soutenir la croissance, ce que l’Etat a tenté d’encourager en se montrant dépensier. Mais ces gains de croissance ne sont pas issus de gains de productivité et donc ne sont pas pérennes. Pas de quoi parler d’une récession avec un grand R, certes, mais c’est une recette qui comporte nécessairement son lot de déceptions fiscales et budgétaires.

Dans ce contexte là, il ne faudrait normalement pas faire d’austérité budgétaire. Malheureusement nous sommes contraints d’en passer par là, du fait notamment de nos engagements européens. Le déficit public français est trop important pour que nous puissions nous permettre de fanfaronner comme le fait pourtant le gouvernement qui insiste pour nous faire croire que nous sommes aujourd’hui proches du plein-emploi. C’est un mensonge, dans lequel nous sommes en train de tomber. Si nous pouvions nous appuyer sur de réelles possibilités de croissances, ainsi que c’est affirmé par notre exécutif, les recettes fiscales françaises ne seraient pas aussi illusoires.

Comprenons-nous bien : la situation n’est pas catastrophique. Pour autant, il va falloir essayer de trouver de l’argent là où on le peut… en pleine période pré-électorale. Il va être difficile de conjuguer l’injonction à récupérer des points dans les sondages, à l’approche des élections européennes, et la nécessité de faire des coupes. Cela sera d’autant plus complexe si l’on se décide effectivement à parler d’économie de guerre, laquelle implique nécessairement une facture en bout de ligne. En plus de se montrer assez incompatible avec l’idée d’une société de croissance ou la thèse de la start-up nation… D’autant qu’il ne sera pas possible, pour des raisons médiatiques et électorales, de se mettre à dos certaines familles politiques qui prône une hausse de la dépense, notamment du côté écologique par exemple. Le gouvernement est très faible dans sa capacité à résister à de telles groupes de pression.

L’argent public au service d’intérêts particuliers beaucoup plus que de l’intérêt général 

Quatrième mal pire que la dette, l’injustice politique ou sociale dans l’allocation des dépenses publiques comme des efforts demandés aux citoyens tant certains groupes sociaux ont su pénétrer l’Etat pour préserver leurs intérêts au détriment de l’intérêt général. La France est-elle une démocratie bananière si on raisonne en termes d’argent public ?

Bien sûr, l’expression “démocratie bananière” est un peu forte. Mais il est vrai que, sur les plans budgétaire et fiscal, ce n’est pas un choix de mot complètement erroné. Au même moment, nous avons décidé de nous engager dans l'euro (c’est-à-dire un équivalent fonctionnel de l’étalon or), géré par l’Allemagne, en période de hausse des taux d’intérêts et face à un ordre monétaire de plus en plus rigoureux. Les taux d’intérêts, rappelons-le, sont beaucoup plus élevés que le rythme de croissance. L’euro est vraiment cher, plus qu’il n’est fort, ce qui mine l’intégralité des efforts de compétitivité de l’industrie de moyenne gamme. 

Très concrètement, nous sommes confrontés à un paradoxe : il est étonnant d’avoir de telles libéralités budgétaires, qui tiennent du keynésianisme, en même temps que ne s’organise un ordre Bundesbank à Francfort. D’un côté, on appuie sur l'accélérateur budgétaire (assez péniblement, d’ailleurs), tandis que de l’autre, on garde le pied bien ancré sur le frein. Forcément, on risque de perdre le contrôle du véhicule. Si ce n’est déjà fait. D’une main, on prend de l’argent à Paul pour habiller Pierre et de l’autre on fait l’inverse. La définition même du surplace qui ne saurait satisfaire aucun des partis engagés. Pas de quoi scandaliser qui que ce soit, cependant, mais pas non plus de marge de manœuvre suffisante pour entamer la réforme de l’Etat. Juste assez pour s’adonner, une fois encore, à la politique du coup de rabot en fin de course.

Une France de plus en plus menacée par l’impuissance en Europe comme sur la scène internationale 

Cinquième mal pire que la dette : l’incapacité française à se faire respecter de nos partenaires européens ou internationaux tant nos ambitions sont étranglées par le rétrécissement constant de nos marges d’action budgétaire. La France est-elle devenue une puissance financièrement impuissante ?

Je dirais qu’il est très curieux qu’un pays dépense 1 000 100 milliards d'euros chaque année en dépense publique, comme c’est le cas de la France quand on additionne l’Etat, les collectivités locales, les organismes de sécurités sociales (les APU, pour administrations publiques au sens de Maastricht). De quoi s’attendre à ce que l'État français soit fort. Pourtant, et de façon très curieuse, ce n’est pas le cas. C’est un Etat obèse, qui souffre de flatulances, mais qui n’est pas fort. Il n’est pas musclé, si l’on devait continuer sur cette métaphore. Il n’est pas solide là où il devrait l’être, c’est-à-dire dans les fonctions régaliennes. L’Etat, en France, est ventripotent.

Concrètement, il faudrait porter et concentrer les efforts sur quelques grands axes… ce que l’on savait encore faire dans les années 1960, par exemple. A l’époque, et encore sous Pompidou, l’Etat français était un Etat stratège, capable de concentrer son action sur une priorité assumée. Désormais, il n’existe pas une priorité, mais quinze, qui changent régulièrement et impliquent de dépenser au fil de l’eau jusqu’à ce que l’Allemagne vienne réclamer des comptes. C’est là que, fautes d’économies, on pratique la politique du rabot dans l’espoir de récupérer 15 milliards pour arrondir les angles.

Si l’Etat Français était fort, il commencerait par se réformer, plutôt que de toujours remettre sa transformation à plus tard. Il ne s’agit pas seulement de tripatouiller les indemnités chômage, dans leur durée ou dans leur montant, comme le fait Bruno Le Maire. Il s’agit de taper là où ça fait mal : les doublons dans les dépenses sociales, par exemple. Il serait en mesure d’évaluer ses politiques publiques et n’hésiterait pas à donner dans l’auto-critique quand cela s’avère nécessaire. Enfin, il ne se soucierait pas autant de ce que les autres (comprendre, la Chine, les Etats-Unis par exemple) pensent de lui.

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