Pamplemousse, brocolis, produits laitiers et cie : voilà ce qu’il faut savoir sur les principales contre-indications entre aliments et médicaments <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Certains aliments ne se marient pas bien avec les médicaments - Photo d'illustration AFP
Certains aliments ne se marient pas bien avec les médicaments - Photo d'illustration AFP
©FRANCK FIFE / AFP

Incompatibilité manifeste ?

Aliments et médicaments ne font pas toujours bon ménage. Ce qu'il faut savoir quand on prend un traitement.

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste. Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur de Ouvrez les yeux avant d’ouvrir la bouche, publié chez Plon, et du blog "MiamMiam".

 

Voir la bio »

Atlantico : Dans quelle mesure l’alimentation est-elle importante lors de la prise d’antibiotiques prescrits ?

Béatrice de Reynal : Comment un aliment consommé à une portion de 100 g ou plus n’aurait-il pas d’impact sur notre physiologie, alors qu’un médicament pris à quelques milligrammes suffirait à modifier dans le bon sens votre état de santé ?

A l’évidence, certaines interactions existent bel et bien et doivent être évitées, soit pour permettre au médicament d'agir comme il doit le faire, soit pour que l’assimilation de vos nutriments ou votre métabolisme ne soient pas perturbés.

Quel style alimentaire est-il recommandé de manière générale lorsqu’on prend des médicaments ? Pourquoi un aliment comme le pamplemousse est-il déconseillé dans certains cas ? Quelles sont les autres contre-indications ?

Quand vous prenez un médicament, la dose administrée est-elle réellement absorbée au niveau de l’intestin ?

Les interactions médicament–aliment sont définies par les modifications de la biodisponibilité : elles impactent l’efficacité ou la toxicité d’un médicament par le biais de l’alimentation, d’extraits de plantes, de compléments alimentaires. Le plus connu est le rôle du pamplemousse et de ses dérivés, du millepertuis et d’autres plantes médicinales.

Utilisée pour prévenir et traiter les caillots sanguins, la warfarine est couramment prescrite au Royaume-Uni depuis les années 1950. Pourquoi se nourrir de certains légumes peut alors poser souci ?

Plus de 30 % des Américains utilisent au moins un complément alimentaire, dont un tiers contient une plante médicinale. Un tiers des Américains consommant ces plantes médicinales et suppléments nutritifs prennent simultanément un traitement par voie orale.

Les conséquences sont souvent fâcheuses : soit le médicament ne fait plus effet et dans les cas de traitements par chimiothérapie, c’est quand même embêtant, soit le médicament voit son effet démultiplié, ce qui n’est pas mieux ! Soit le mélange induit une toxicité inédite, inconnue de la médecin, soit enfin, le mélange produit des effets exponentiels.

On a donc plusieurs options :

  • une absence d’interaction. Les substances n’interfèrent pas du tout l’un sur l’autre ;
  • une augmentation des effets de l’un des médicaments qui alors est potentialisé. C’est le cas, par exemple, de certains médicaments utilisés en anesthésie pour provoquer un relâchement musculaire. Les effets peuvent aussi être augmentés par certains antibiotiques ;
  • une augmentation réciproque de l’effet des 2 substances. Par exemple, la prise simultanée d’un traitement médicamenteux et de compléments alimentaires antiallergiques dits antihistaminiques, surtout lorsque vous y ajoutez des benzodiazépines, contre l’anxiété…. Dodo garanti !

Doit-on prendre les médicaments avant, pendant ou après un repas ? Pourquoi est-ce important ? 

La digestion et ses désordres ont parfois un rôle perturbant la digestion par la modification de l’acidité de l’estomac. Après un repas, cette acidité augmente. Certains médicaments sont alors moins bien absorbés. La consommation d’un repas riche en graisses peut soit gêner l’absorption de médicaments, soit au contraire en améliorer l’absorption sans en augmenter la toxicité (médicaments antiviraux, notamment).

On sait aussi que l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’Ibuprofène, pris à jeun, assure un effet plus rapide, mais avec souvent une réaction de l’estomac, quand la prise au cours du repas évite cet inconvénient.

Si vous prenez des anticoagulants antivitamine K, il est important de ne pas manger les aliments qui en sont riches, comme les abats, les choux de toutes sortes, les légumes à feuille comme l’épinard ou les salades.

Le pamplemousse ou son jus agissent sur une enzyme située dans le foie et les parois de l'intestin et augmentent l'absorption de certains médicaments contre le cholestérol et les statines, mais aussi, certains médicaments immunosuppresseurs, certains médicaments du cœur, etc.

Attention au réglisse et à tous les médicaments pour limiter ou réduire la tension : oui, il s’agit de la réglisse, mais aussi, aux boissons anisées qui, en plus, sont très riches en sodium pour certaines. Sans citer de marque, Ricard est déconseillé quand Berger est plus acceptable pour une personne sous traitement tensionnel.

Attention aux antioxydants, proposés comme anti-âge par exemple et les traitements contre le cancer, qu’ils vont atténuer.

En conclusion : tout traitement médicamenteux doit être surveillé, notamment en lisant bien la notice, qui est très précise.

Sources : Drug–food interactions in internal medicine: What physicians should know S. Mouly, M. Morgand , A. Lopes, C. Lloret-Linares, J.-F. Bergmann

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !