Modernisation des réseaux de télécommunications : et si le succès était au coin de la rue ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une antenne utilisée pour la 5G.
Une antenne utilisée pour la 5G.
©NICOLAS ASFOURI / AFP

Concurrence européenne

Alors que l’Europe s’interroge sur la modernisation de ses réseaux de télécommunications, les opérateurs de télécommunications ont-ils les moyens d’investir ?

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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L’Europe, qui a raté la révolution numérique, s’interroge sur la modernisation de ses réseaux de télécommunications. Le Commissaire européen chargé du numérique et de l’industrie, Thierry Breton, a fait du rattrapage de l’Europe dans le domaine du numérique une priorité, ce qui, entre autres choses, implique un effort en matière de réseaux. La Commission, comme il est d’usage, a d’ailleurs lancé une enquête auprès des parties prenantes dont les conclusions sont attendues pour le mois de mai.

Bien sûr, nul ne conteste la nécessité de moderniser les réseaux de télécommunications. Beaucoup des concurrents de l’Europe ne l’attendent d’ailleurs pas pour avancer de leur côté. Songeons ici à l’Inde, dont Börje Ekholm, Président d’Ericsson, soulignait récemment qu’elle “ surpasse les Etats-Unis et l’Europe en matière d’infrastructure 5G”. L’on estime ainsi que de 30 millions de connections 5 G en 2022, l’Inde devrait disposer de 700 millions de connections avant 2030, couvrant ainsi la moitié des utilisateurs de mobile du pays.

La vraie question est celle des moyens envisagés pour parvenir à cet objectif. Pour y répondre, il faut se demander si les opérateurs de télécommunications ont les moyens d’investir ou pas. 

A cette question centrale, la Direction du Trésor – peu suspecte de partialité – vient d’apporter dans un document de janvier 2023, des éléments intéressants. Il est ainsi rappelé que depuis 2014 les investissements fixes et mobiles des opérateurs de télécommunications sont « élevés et en hausse », et que la France « fait partie des pays où les investissements ont le plus augmenté en 10 ans, entre 2009 et 2018 ». Ceci est à l’évidence une bonne nouvelle, qui est à mettre à l’actif d’opérateurs qui ont su investir, ce qui est essentiel pour les entreprises et les consommateurs finaux.

Il est une autre conclusion remarquable que rappelle ce document, et que tout un chacun qui a un peu voyagé dans et hors de l’Union européenne comprend aisément : la libéralisation du secteur des télécommunications, contrairement par exemple à celui de l’énergie où les résultats sont mitigés, a été un succès. A ceux qui en doutent, et au moment où la question de l’inflation a l’acuité que l’on sait, il est rappelé qu’en France « l’intensité concurrentielle se traduit par des prix parmi les plus bas d’Europe ».

C’est dire, en d’autres termes, que le recours aux mécanismes de marché fonctionne, et que la concurrence exerce bien les effets bénéfiques que l’on en attend. C’est là encore une bonne nouvelle pour les consommateurs. Mais c’est aussi une interrogation pour les autorités européennes. Celles-ci, sous l’action militante d’une France qui plaide pour une politique industrielle – au cas d’espèce à ce que la puissance publique européenne s’autorise à arbitrer entre acteurs pour savoir qui doit payer la modernisation des réseaux – devraient peut-être se souvenir des bienfaits de la politique de la concurrence. La concurrence, quoi qu’on en dise, appliquée avec discernement, permet une utilisation efficiente des ressources, sous l’autorité indiscutée du consommateur final qui sait arbitrer sans états d’âme ni capture réglementaire.

Encore faut-il que la politique de la concurrence européenne sache faire la part qui sied au marché. A cet égard, les opérateurs de télécommunications militent avec quelques raisons pour que les freins réglementaires à la consolidation du secteur en Europe soient levés. Les autorités européennes de la concurrence y sont pour l’instant restées sourdes, ce que le Commissaire Breton a d’ailleurs publiquement regretté. La question se trouve posée une nouvelle fois alors que le 3 avril l’autorité européenne de concurrence a lancé une enquête approfondie sur fusion entre Orange/ MásMóvil en Espagne. 

En définitive, il n’est pas défendu d’envisager l’évolution du secteur des télécommunications avec optimisme. L’une des conditions existe : la capacité d’investir du côté des opérateurs. L’autre est à portée : à défaut de faire une croix sur la politique de la concurrence européenne, en faire évoluer le curseur pour qu’elle soit plus favorable à la consolidation de l’offre.

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