La note de la France se maintient, pas les perspectives de croissance future <!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Bruno Le Maire lors d'une réunion officielle.
Emmanuel Macron et Bruno Le Maire lors d'une réunion officielle.
©Emmanuel DUNAND / AFP

Fitch et Moody's

Malgré le dérapage du déficit public en 2023, les agences de notation Fitch et Moody's ont maintenu inchangée la note souveraine de la France. La situation économique du pays suscite néanmoins de l'inquiétude au regard de la dette et pour la croissance.

Nathalie Janson

Nathalie Janson

Nathalie Janson est professeur associé d'économie au sein du département Finance à NEOMA Business School. Elle a obtenu son Doctorat en Economie à l'Université Paris I-La Sorbonne en collaboration avec le programme ESSEC PhD.

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Atlantico : La note de la France est maintenue à « AA ». Etait-ce attendu ? Devons-nous nous attendre à des changements économiques ?

Nathalie Janson : La notation de la France a été finalement maintenue sans changement de perspectives. Le changement de perspectives étant sans doute ce qui était le plus à risque, la note de la France avait déjà été abaissé par Fitch l'année dernière. Il n'en est rien les agences n'ont rien modifié. La surprise d'un déficit plus élevé que prévu aurait pu faire penser que l'Etat français ne maîtrise pas ses finances publiques. Les agences de notation auraient pu l'interpréter comme une dérive des finances publiques mais il n'en est rien.

Comment les investisseurs utilisent-ils les évaluations des agences de notation dans leurs décisions d'investissement ? Quel est l'impact de ces évaluations sur les flux de capitaux et la stabilité économique de la France ?

Les investisseurs utilisent les notations des agences dans le choix des actifs composant leur portefeuille. Aux USA, le gendarme de la Bourse les a institutionalisés en imposant des niveaux de notation en dessous desquels les gérants d'actifs ne pouvaient pas descendre s'ils voulaient proposer leurs produits au public. En général, le niveau imposé est de celui d'"investment grade" (bonne qualité contrairement à high yield). En Europe, la notation souveraine est importante parce qu'elle conditionne la demande par les acteurs bancaires et de l'assurance dans le cadre des réglementations prudentielles. Cette note doit demeurer dans la catégorie AA afin de pouvoir être achetée pour remplir ces obligations. Une perte du sésame signifierait donc une moindre demande et un renchérissement du coût de la dette pour la France.

On observe une certaine régulation du secteur des agences de notation, notamment avec la supervision de l'ESMA en Europe. Comment cela a-t-il changé leur fonctionnement et leur impact sur les marchés financiers ?

L'ESMA en effet régule le secteur depuis la crise des subprimes en 2008 et exige plus de transparence dans les modèles utilisés pour la notation et veille aux potentiels conflits d'intérêt. Elle impose également davantage de concurrence dès lors que l'émetteur et le tiers en charge de l'émission a l'intention de solliciter 2 agences de notation : l'une d'elle doit nécessairement avoir une part de marché qui est inférieure à 10% et ce pour lutter contre la domination des 3 agences américaines.

Quels sont les principaux défis auxquels la France est confrontée en termes de gestion de sa dette publique et de son déficit budgétaire ? Comment conserver cette stabilité de note positive ?

Ce n'est pas parce que la note de la France a été conservée que les défis à venir ne sont pas importants afin de garantir sa croissance future. La dérive des dépenses publiques est historique en France. Le budget est en déficit depuis 50 ans. L'augmentation de la dette est la preuve que les recettes ne sont pas à la hauteur et c'est davantage cet aspect qui peut inquiéter parce qu'il montre que l'action publique est de plus en plus importante dans l'économie. Or la croissance future repose essentiellement sur le secteur privé, en particulier sa capacité à innover. Il ne faudrait pas qu'un Etat tentaculaire obère la capacité de recherche et d'innovation des entreprises au cœur de la croissance économique aujourd'hui.

La stabilité de la note dépend de la capacité de la France à montrer sa détermination à réformer l'Etat et à concentrer son action publique.

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