Allo Voyager ? L’objet humain envoyé le plus loin dans l’univers vient de redonner signe de vie après 24 milliards de kilomètres<!-- --> | Atlantico.fr
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Une vue de la sonde Voyager 1.
Une vue de la sonde Voyager 1.
©Nasa / Afp

Prouesse de la NASA

Les techniciens de la NASA ont pu rétablir le contact avec la sonde Voyager 1. Depuis novembre, la sonde envoyait des données incompréhensibles.

Anna Alter

Anna Alter

Anna Alter est journaliste et écrivain. Docteur en astrophysique, elle a été journaliste à Science et Vie, à l'Evènement du jeudi, grand reporter à Marianne et rédactrice en chef adjointe de La Recherche. 

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Atlantico : Quels ont été les principaux défis techniques à surmonter pour rétablir le contact avec la sonde Voyager 1 après une perte de contact prolongée ?

Anna Alter : Tout est un défi dans cette histoire. Les sondes voyager 1 et 2 sont un défi en elles-mêmes et ce n'est pas sûr qu'aujourd'hui l'humanité avec sa gestion à l'économie se donnerait les moyens d'en relever un de cette nature. Quand j'étais étudiante à l'Observatoire de Meudon, j'ai eu la chance d'avoir comme maître assistant André Brahic qui était le Monsieur Voyager France et il nous parlait tout excité de ce projet aussi coûteux qu'ambitieux qui n'avait d'autre objectif que de faire avancer la connaissance en survolant les planètes géantes de notre système solaire. 

Les deux sondes jumelles ont été lancées en 1977 à moins d'un mois d'intervalle, Voyager 2 la première le 20 août, Voyager 1 en second le 5 septembre et toutes les deux comme des bouteilles à la mer portent un message optimiste à l'attention des extra-terrestres pour leur dire au cas où par miracle ils en repêcheraient une près de chez eux," bonjour nous sommes ici dans l'Univers, des hommes et des femmes qui avons une culture scientifique, mais pas que... Nous faisons aussi de la littérature, peinture, du cinéma, de la musique en tournant sur la troisième planète à partir de notre étoile". Un sacré défi à l'intelligence, la nôtre et celle qui aurait évolué sous d'autres cieux au point d'être capable de comprendre le disque d'Or gravé par nos soins. 

Depuis 46 ans les Voyager 1 et 2 voguent de concert dans l'espace et elles ont franchi depuis belle lurette les frontières de notre système, le Soleil n'exerce plus d'influence sur elles, elles sont libres comme l'air, enfin façon de parler, parce que là où  elles se trouvent il n'y en a pas un brin...Nous maintenons tant que nous pouvons le contact à distance pour qu'elles nous envoient des informations sur les contrées lointaines inconnues qu'elles traversent, seulement de temps en temps nous perdons la communication et le défi c'est de diagnostiquer de très loin, en l'occurrence quelque 24 milliards de kilomètres, pourquoi nous n'avons plus de nouvelles. Voyager 1 depuis quelques mois expédiait des signaux brouillés comme si elle était atteinte de sénilité, et les ingénieurs de la Nasa inquiets ont fini par se dire que c'était un problème de puce. Ils ont réussi à isoler la partie défectueuse, plus qu'un défi, un exploit puisque pour chaque commande, il faut attendre la réponse plus de 40 heures, le temps d'un aller-retour à la vitesse de la lumière et on doit déployer beaucoup de patience dans l'azur pour faire appliquer les ordres de la terre...C'est fait, la communication vient d'être rétablie et des signaux clairs ont été perçus.

Comment les images capturées par les sondes Voyager ont-elles influencé notre compréhension et notre perception des planètes du système solaire, en particulier celles de Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune ?

Tout ce qu'on sait en détails de Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune nous a été transmis par les sondes Voyager. De la Grande tache rouge sur le ventre du premier et son fonctionnement compliqué jusqu'aux anneaux invisibles de la terre, en passant par son atmosphère, le volcanisme de son satellite Io et la surface striées d'Europe. De la structure des anneaux du second et l'atmosphère de son Titan.  Des surfaces couleur menthe à l'eau des deux derniers, les plus éloignés ....  Les sondes Voyager se sont relayées pour nous donner une vision précise des mondes des géants qui portent tous on ne sait pas vraiment pourquoi des anneaux plus ou moins fins autour de leur taille....

Quel impact ont eu les photographies emblématiques de la Terre prises par Voyager 1, notamment celle du 14 février 1990, sur la conscience collective de l'humanité quant à notre place dans l'univers ?

Cette photo de la Terre vue du ciel prise à plus de six milliards de kilomètres a été un choc, une belle leçon d'humilité, notre planète n'était qu'un point bleu pâle et c'est ainsi que ce cliché historique a été baptisé ! C'est encore à ce jour la photographie la plus lointaine qu'on ait réalisée de notre globe...

Avec les avancées technologiques actuelles, quelles nouvelles possibilités s'ouvrent pour l'exploration spatiale au-delà des réalisations des sondes Voyager ? 

Le système solaire vaut le déplacement et aucune technologie aussi perfectionnée soit elle ne pourra remplacer les voyages interplanétaires, les vrais. Comme ceux de Voyager qui avec des appareils vieux d'un demi-siècle a donné des résultats jamais égalés... Jamais on est allé aussi loin, aussi bien, c'est géant... Au lieu de rester les deux pieds dans le même sabot sur terre, il faut se bouger et se lancer dans de nouvelles aventures spatiales désintéressées. Du savoir pour le savoir au long court...

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