La direction de Sciences Po ou des universités françaises est-elle (quasi) interdite à la droite ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Des manifestants organisent un sit-in devant l'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris), le 26 avril 2024.
Des manifestants organisent un sit-in devant l'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris), le 26 avril 2024.
©DIMITAR DILKOFF / AFP

Apartheid idéologique

Près de deux mois après la démission de Mathias Vicherat à la tête de Sciences Po, des personnalités comme Najat Vallaud-Belkacem, Rima Abdul Malak, Aurélien Rousseau ou encore Enrico Letta sont pressenties pour diriger l’institution.

Alain d'Iribarne

Alain d'Iribarne

Alain d'Iribarne est ancien directeur du département scientifique des SHS du CNRS et ancien administrateur de la FMSH. 

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Bertrand Pauvert

Bertrand Pauvert

Bertrand Pauvert est universitaire.

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Atlantico : Près de deux mois après la démission de Mathias Vicherat à la tête de Sciences Po, quatre personnalités (Najat Vallaud-Belkacem, Rima Abdul Malak, Aurélien Rousseau, Enrico Letta) sont pressenties pour diriger l’institution. La direction de Sciences Po est-elle (quasi) interdite à la droite ? Quelle pourrait être l’influence de ces personnalités de gauche à la tête de l’institution ? 

Bertrand Pauvert : D’abord, la situation de Scpo, l’ancien Institut d’études politiques de Paris est à la fois particulière et archétypale. Le premier point à relever c’est que le ScPo d’aujourd’hui n’est plus que l’héritier nominal de l’ancienne École libre des sciences politiques fondé par Emile Boutmy en 1871, au lendemain de la défaite et qui visait à assurer une meilleure formation des élites dont avait besoin la France.

Si Sciences Po n’est plus Sciences Po, c’est que sa direction -et ses élèves- sont convertis aux trois combats idéologiques du marxisme contemporain : le genre, le décolonialisme et l’environnement. Ces trois mantras tiennent lieu de pensée dominante à laquelle il convient de convertir les étudiants et au-delà le monde. Si la dérive de Sciences Po a d’abord été peu spectaculaire et progressive, il est difficile de ne pas la dater de l’arrivée à la direction de l’établissement de Michel Gentot. Premier directeur de l’établissement haut fonctionnaire et non universitaire (qui milita au parti communiste), il fut remplacé par Alain Lancelot, qui poursuivit le mouvement initié et introduit Richard Descoings dont on sait ce qu’il fit de l’Institution… Sciences Po c’est aujourd’hui, loin de l’élitisme de naguère, plus de 15 000 étudiants dont 50% d’internationaux, sur 7 campus en France…  

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Cela a conduit à l’essor d’enseignements toujours plus marqués par la sociologie et l’idéologie post-marxiste autour des trois mantras évoqués : genre, décolonialisme et environnement et le soutien de l’institution à toutes les initiatives en la matière : semaine queer, forums et conférences propalestiniennes… Et, évidemment, fermeture à toute pensée non conforme à la doxa… Dans ce contexte la 

La situation est telle que même la très timorée Valérie Pécresse a annoncé la suspension de certaines subventions de la Région Ile-de-France à l’établissement naguère si prestigieux…

Devant cet état de fait, la future direction, quelle qu’elle soit n’aura qu’une marge de manœuvre très faible… Et le retour au bon sens, s’il devait jamais intervenir, ne pourra être que lent et progressif. D’ailleurs l’annonce de l’ouverture d’un cursus Bachelor par l’ISSEP, fondé par Marion Maréchal, s’inscrit bien dans cette volonté de proposer un autre enseignement que ce que l’on peut trouver rue Saint-Guillaume.

Alain d'Iribarne : Si on veut bien appréhender les choses calmement au regard de l'état actuel du dossier de nomination d'un nouveau directeur de Sciences Po Paris, il faut d'abord garder en mémoire que cette nomination est un processus institutionnel strictement encadré par les textes très singuliers qui caractérisent le fonctionnement de la Fondation Nationale de Sciences Politique (FNSH), avec son formalisme et ses procédures. Un processus qui passe par le conseil d'administration de la Fondation et qui se termine par une décision finale du Ministre en charge de l'Enseignement supérieur. En fait le Premier ministre et, dans le paysage actuel, le Président de la République. Nous n'insisterons pas sur ce point déjà évoqué pour Atlantico dans: "Qui sauvera Sciences Po d'une nouvelle présidence trop politique?". 

Ensuite, cet ensemble formel est destiné à apporter à la tête de l’IEP une personnalité à la hauteur des responsabilités qui seront les siennes au regard de sa situation interne et du paysage du moment. Il s'agit de sélectionner quelqu'un qui a non seulement les compétences mais les talents voulus ces derniers étant attestés non seulement par ses cursus éducatifs et professionnels, mais aussi par sa personnalité. De ce point de vue, Science Po  Paris dans le cadre de la FNSP, n'est pas une Université, mais une grande entreprise privée (une not profit structure), productrice d'un service de formation supérieur dans le domaine du management aussi bien privé que public. Une telle caractéristique implique de disposer d'un Directeur dont les compétences sont autant gestionnaires que stratégiques et politiques, avec, de plus, beaucoup de rigueur et de qualités humaines. Normalement, en vue d'attirer des candidatures, la recherche d'un tel oiseau particulièrement rare devrait être précédée d'un vrai travail de chasseurs de têtes au niveau mondial.

Si on accepte ces prémices, alors la question posée est de savoir dans quelle mesure un accès à la direction de Sciences Po Paris serait interdit (ou quasi) à la Droite, sous-entendu par la Gauche. La réponse à cette question est simple: sauf s'il y avait une forte rupture dans le processus institutionnel de désignation du directeur, cette question n'a pas de sens, car le processus lui-même a été conçu pour limiter le pouvoir direct de contrôle de l'idéologique sur le gestionnaire et le scientifique, que ce soit de la Gauche sur la Droite ou de la Droite sur la Gauche. Une telle posture oblige à regarder les conditions d'interférence du politique sur le processus évoqué, sachant que ces interférences sont à plusieurs niveaux et ne sont pas de même nature avec les mêmes effets.

Le premier niveau d'interférence est bien évidemment celui des candidatures: dans une ambiance idéologico-politique donnée, qui va avoir envie de candidater et de maintenir sa candidature en cours du processus. Il se peut très bien que dans le cadre d'une certaine ambiance, des candidats classés à Droite,- potentiels ou déclarés -, préfèrent renoncer en raisons de plus ou moins grandes menaces de diverses natures. Dans l'ambiance actuelle de violence , il y a un risque réel de voir un aspect ou un autre d'une vie dénoncé, comme par exemple le fait être Chrétien ou juif, ou mieux d'avoir écrit dans un article de jeunesses qu'à travers l'histoire, les arabo-musulmans avaient été de grands esclavagistes...

Le second niveau d'interférence  est celui de la composition idéologico-scientifico-politique, des organes collectifs intervenant aux diverses étapes du processus institutionnel de sélection. On est là dans une autre approche qui suppose non seulement une connaissance fine sur ces trois registres des acteurs concernés, mais aussi leur perméabilité aux pressions extérieures, aux compromis et aux marchandages . On sait combien nombre de participants de commissions diverses sont à ces points de vue peu fiables, ouvrant  des champs d'incertitudes d'autant plus  larges qu'il n'y a pas de nettes majorités.  

Reste le dernier niveau - celui de la décision finale -, qui est lui strictement politique. Il est bien évidemment dépendant de l'état des forces et des alliances politiques, mais c'est le politique qui est souverain à ce stade. 

En prolongement, on peut rapidement examiner les quatre noms évoqués pour diriger l'IEP de Paris. De ce point de vue, il n'y a pas beaucoup de temps à perdre tant le profil d'un Enrico Letta l'emporte à tous points de vue sur les trois autres, cochant toutes les cases aussi bien académiques, gestionnaires et politique que de connaissance par l'intérieur l'institution elle-même, ayant fait plusieurs années parties de son équipe de direction. D'une certaine façon, si on transpose dans le domaine du tennis, il y aurait toute la différence entre un membre du "Top Ten" et un membre quelconque du paquet des suivants. De notre point de vue, il est certain que l'arrivée d'une telle pointure à la Direction de Sciences Po Paris, serait une grande chance pour l'IEP. Encore faudrait-il qu'il soit candidat et qu'il résiste aux pressions qu'il est facile d'imaginer pour le faire renoncer: il n'est pas français (comme ci on n'avait personne dans notre élite nationale pour faire l'affaire); il est un homme ( il serait temps de mettre une fin au machisme dominant); il est un démocrate-chrétien qui a eu son doctorat dans une Université catholique (c'est inacceptable pour la direction d'une institution d'un tel prestige de notre république laïque), et enfin, il ne sait pas engagé pour l'intersectionnisme, anticolonialisme, l'islamisme, le néo-féminisme et autres mouvements de libération au même titre que celui de la Palestine, ce qui est suffisant pour le disqualifier. Concrètement, c'est avec un tel cas de figure qu'on aura la réponse à la question posée.

A la question de savoir quelle pourrait être l’influence de ces quatre personnalités de gauche à la tête de l’institution, la réponse est assez simple: pour remettre un peu d'ordre dans le fonctionnement interne de l'IEP qui en a bien besoin, et surtout pour lancer une dynamique de changement un peu radical, -y compris institutionnel et éventuellement de positionnement stratégique -, il faudrait un alignement astral loin d'être acquis d'avance. Un tel alignement est nécessaire pour vaincre une capacité d'inertie élevée et les forces de refus. Pour cela, il faudrait en premier lieu que ce soit un projet porté par la personne nommée avec, en plus, la capacité personnelle à le mener à bien. Il faudrait ensuite parvenir à faire émerger au sein de l’École, un projet qui fasse un minimum consensus et soit un minimum mobilisateur. Il faudrait enfin, compte tenu du positionnement actuel de l'IEP, un fort appui politique - et probablement financier-, en provenance du politique et pas seulement.

Loin des caricatures de l’omniprésence de personnalités et de dirigeants marqués à gauche ou à l’ultra gauche dans toutes les universités, y a-t-il un respect d’une forme de neutralité et des personnalités de droite sont-elles aussi présentes à la tête des universités ou d’institutions majeures de l’enseignement supérieur ? Quel est l’état des lieux du pluralisme idéologique à la tête des grandes institutions universitaires françaises ?

Bertrand Pauvert : Il n’y en a pas ! A l’Université, parmi les dirigeants des institutions, soit on trouve des gens marqués à gauche et qui n’hésitent pas à le clamer, soit on est en présence d’universitaires faisant profession de neutralité. Il faut le savoir, cette neutralité est d’ailleurs le plus souvent le cache-sexe de l’universitaire modéré ou centriste, voire libéral. Universitaire neutre qui cèdera aux sirènes médiatiques dès que celles-ci se mettront en marche pour dénoncer telle ou telle attitude, conférence ou propos jugé réactionnaire ou discriminant… Quant aux universitaires résolument de droite ou patriote, ils sont pourchassés de manière directe ou indirecte dès qu’ils sont identifiés par leurs « collègues » de gauche…

Alain d'Iribarne : Le premier point, peut-être le plus important, est que si on se réfère aux profils politiques des présidents de l'ensemble des Universités et Grandes Écoles françaises tels qu'ils siègent à l'ex C.P.U devenue "France Université" en janvier 2022, on peut voir une grande variété de profils qui viennent en partie de la recomposition universitaire qui s'est faite sous Nicols Sarkozy avec Valery Précress, dont  l'ambition était de rendre un certain nombre de regroupements d'Universités et d’Écoles, compétitifs dans le classement de Shanghai. Cela pour le prestige de la France , mais aussi comme levier pour améliorer l'efficience productive des Universités en matière d'enseignement et de recherche et, enfin, d'attirer sur nos  campus, des "bons" chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants.

Par construction institutionnelle liée à la loi Faure/Savary de 1968 qui a regroupé les anciennes facultés , les Universités se veulent des institutions démocratiques à deux niveaux. Au niveau élémentaire des Unités de Formation et de Recherche (UFR) ou des Départements, qui sont largement à base disciplinaire. Et au niveau des Universités elles-mêmes, avec leurs présidences, leurs conseils scientifiques et autres instances consultatives ou délibératives qu'elles voudront. 

Si on regarde l'approche historique d'un point de vue idéologique, on voit que les grands bastions de la droite conservatrice étaient constitués par les facultés de médecine, de pharmacie ainsi que de droit. A l'inverse, les grandes facultés de gauche étaient celles de lettre, d'histoire, de sociologie ou de psychologie pour ne citer que ces disciplines . Encore faudrait-il citer historiquement, parmi les Universités de "gauche", celles qui étaient à dominante communiste, celles qui étaient à dominante socialiste ou à dominante gauchiste, etc. En dynamique, encore faut-il distinguer les époques avec mai 68, la création de nouvelles Universités en région parisienne comme Vincennes ou Evry ou Marne-la-Vallée , puis la période des regroupements d'Universités déjà évoqués. Ces derniers se sont effectués avec des géométries variables suivant des logiques multiples combinant autant d'affinités disciplinaires que de traditions historiques et idéologiques dans de magnifiques caléidoscopes dont la rationalité n'a pas toujours été évidente à décrypter au-delà du fait que ces nouvelles universités se voulaient être pluridisciplinaires. 

Pour comprendre la configuration idéologique de nos Universités actuelles et ce qui se passe sur leurs campus,il nous faut donc nous replonger dans leurs héritages idéologiques.

Ainsi par exemple, à gauche et l'extrême gauche pour Paris, on sait ce qu'a été Nanterre, devenue Paris X,en mai 68. On sais également ce qu'a été Jussieu et surtout, Vincennes, devenue Paris 8 puis Saint-Denis où être un communiste était être un réactionnaire. Mais on connait également les performances du site de Tolbiac de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle beaucoup plus calmes à son niveau.

A l'inverse, sur la droite, toujours à Paris, on connait l'Université Paris 2 Panthéon-Assas, héritière de l'Université d'Assas qui avait été fondée par les Juristes après 68 ( en 1970) par détachement de la Sorbonne qui s'était illustrée en 68. On connait l'importance qui avait pris le GUD comme syndicat étudiant d'extrême droite. Les seules sciences sociales y sont présentes aujourd'hui sont les héritières de la faculté de Droit et d'économie auxquelles s'ajoutent les sciences politiques et le journalisme.

Enfin, toujours à Paris, il faut mentionner le cas particulier de Dauphine (devenue Université de Dauphine-PSL) créé à titre expérimental par Edgar Faure en 1968 , et installée dans les anciens locaux de l'OTAN avec comme objectif d'en faire une sorte d’École universitaire d'excellence, un peu sur le modèle de la London School of Economics (LSE). 

Si on veut un peu compléter le panorama en prenant trois exemples provinciaux, pour bien montrer qu'il ne faut pas confondre l'écume et la mer: 

- Aix-Marseille a fusionné ses trois Universités avec leurs nombreux campus sur les deux villes et les totalités des disciplines. On comprend que dans ce vaste ensemble, sur Aix, l'ancienne Université de Provence (Aix3) regroupant les "Humanités"garde sa sensibilité à Gauche, mais que celle de l'Avenue Robert Schuman (Aix 1) consacrée  au Droit reste bien ancrée à Droite

- Quant à Toulouse et Bordeaux, on trouve des configurations voisines avec d'un côté les anciennes Universités de lettre (Le Mirail devenue Jean Jaures pour Toulouse et Bordeaux III devenue Bordeaux Montaigne pour Bordeaux) restées toutes les deux bien ancrées à gauche, et tout le reste rassemblé dans une seule Université dont la préoccupation principale est la performance au classement de Shanghai. 

Comment l’université est-elle devenue un milieu de plus en plus dominé par l’extrême gauche dans le corps professoral en même temps que la profession se paupérisait ? Y a-t-il un lien de cause à effet ?

Alain d'Iribarne : Si on veut prendre en considération les longs développements précédents, le paysage universitaire français est beaucoup plus varié que ce que les agitations étudiantes en donnent à voir ainsi que la façon dont les politiques de "Gauche" s'en sont saisi de même que la façon dont le médiatique en rend compte.

Ceci dit, si on prend en considération le processus historique de la massification de l'enseignement supérieur dans les universités amorcé dès le milieu des années 70 et malgré les efforts de l’État et des Régions, il y a eu un triple mouvement de prolétarisation des corps enseignants universitaire. D'une part, on a assisté à une multiplication des postes de Maîtres de Conférences (MC2 et MC1) , sans une création alignée de postes de Professeurs (Pr2 et Pr1), de sorte qu'il a eu un ralentissement voire un blocage des carrières. D'autre part,  l'âge d'entrée dans la carrière a été retardé avec la création des "post doc" après la thèse et une concurrence à l'entrée qui s'est  substantiellement renforcée. Enfin, comme pour les autres fonctionnaires, on peut constater une constante dégradation du niveau relatif des rémunérations, comparé à celui des cadres supérieurs sortant à un niveau d'études jugé inférieur par leur longueur ( Bac+ 5 au lieu de Bac+8). Si on ajoute la multiplication d'emplois précaires, il n'est pas besoin de faire beaucoup de sociologie politique, pour comprendre l'attirance de cette population pour le Gauche , par exemple pour Benoît Hamon aux présidentiel et maintenant pour la nébuleuse de la Nupes. 

Comment expliquer que la droite ait autant cédé de terrain sans se battre ni protester ?

Bertrand Pauvert : De manière générale, il convient d’abord de relever que les personnalités de « droite » au sein de l’Université sont le plus souvent rétives à l’engagement politique au nom de l’exigence d’une forme de « neutralité axiologique » : le combat politique serait en quelque sorte « impur » et ne mériterait donc pas d’être livré dans une arène scientifique qui ne devrait connaître que de discussions techniques. Cela conduit les universitaires de droite à développer une forme de réticence à s’engager sur le terrain politique et idéologique. Si cette considération se vérifie évidemment dans le domaine des sciences sociales ou juridiques elle se rencontre également dans les matières scientifiques, tant il est vrai que nombre de débats ou de recherches reposent sur des considérations et présupposés dont l’idéologie n’est pas absente : il en est ainsi de la recherche en matière archéologique, météorologique ou environnementale. À cette réalité s’ajoute une méconnaissance profonde des méthodes et comportements de l’ultra-gauche qui conduit les universitaires de droite à une profonde naïveté.

Cette situation de fait rend les universitaires « de droite » extrêmement sensibles à la pression médiatique ainsi qu’à celle des minorités comme en atteste la polémique relative à la venue au sein de l’Université Paris II de Marguerite Stern et Dora Moutot, ce soir ! Rappelons les faits. La cocarde, un syndicat étudiant patriote disposant d’élus au sein de l’Université souhaitait y organiser une conférence débat avec les deux auteurs de Transmania, à propos des dérives de l’idéologie trans. Toutes les autorisations requises avaient été obtenues de l’Université… Et là, patatras…  Ian Brossat, le bien-connu le sénateur (PCF) de Paris, médiatisait l’évènement et demandait l'annulation de cette conférence auprès de l’Université et du Préfet de Police de Paris… Résultat, face à la pression, l'Université d'Assas reculait face à la pression des activistes gauchistes : la conférence était déplacée de la rue d’Assas vers un centre annexe et le nombre de places se voyait limité… Si la conférence aura finalement lieu, cette situation est archétypale de l’attitude des autorités universitaires…

Alain d'Iribarne : Une forme d'explication assez simple est que la notion de droite pour désigner le corps professoral Universitaire est ambiguë. La grande majorité des Professeurs des Universités - pas la majorité des maîtres de conférence -, reste issue des classes dites supérieures suivant une logique de reproduction de classe. Il faut en effet un bon cursus scolaire de la maternelle au doctorat inclus, ce qui suppose en règle générale, un solide soutien autant scolaire qu'extra scolaire. D'une certaine façon, on a assisté beaucoup plus à une prolétarisation des filières universitaires qui n'ont pas voulu ou su, professionnaliser leurs cursus à Bac +3 et à Bac+5 en vue de leur assurer des débouchés professionnels dans l'ensemble des activités économiques. Il en résulte , en grande partie dans la composante "humanité" et en partie dans la composante sciences sociales de nos universités, des poches de production de "prolétaires diplômés" qui ont été laissés à la gauche par les Universitaires plus conservateurs, plus sélectifs, se rapprochant du modèle des Écoles et du modèle universitaire "humboldtien" qui fait référence dans le monde, renforçant la présence de financements privés. En fait, on a là une manifestation du délitement du grand mythe fondateur de l'exception culturelle française avec une diversification interne palpable, comme le perçoivent de mieux en mieux les parents à l'épreuve de Parcoursup. Les conservateurs quant à eux, laissent leurs collègues de gauche aller au combat, sachant que si ces derniers gagneront face aux politiques, ils en tireront profit, eux aussi. Ils seront donc gagnants sur les deux tableaux.       

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