Croissance, prix, emploi : les entreprises font le job alors que la classe politique plonge dans le désordre<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Bruno Le Maire.
Emmanuel Macron et Bruno Le Maire.
©Emmanuel DUNAND / various sources / AFP

Atlantico Business

Pendant que l’Assemblée nationale offre un spectacle désolant, que les risques liés au terrorisme géopolitique se multiplient, tout se passe comme si la situation économique réussissait à se sortir de la crise. Les indicateurs de la croissance, de l'inflation et de l'emploi sont au vert (ou presque).

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout se passe aujourd’hui comme si le bruit que fait l'Assemblée nationale, et la délinquance urbaine conjugués aux menaces géopolitiques et terroristes, tout se passe comme si cet environnement anxiogène occultait complètement la résilience de l’économie française. Quand on observe les derniers chiffres de la croissance, ceux de l'inflation et de l'emploi, on s’aperçoit que les entreprises françaises font le job, pendant que la classe politique s’enferme dans le désordre et la violence. Alors la situation n’est pas euphorique, mais elle est bien meilleure que ce que l'on croit et même que ce qu’en disent la plupart des médias. Quand on écoute les réseaux sociaux, le monde des affaires se désole, quand on regarde nos voisins européens, il se console.

A priori, le premier trimestre de l'année s’est terminé avec un moral dans les chaussettes, d’abord parce que les prévisions étaient quasiment catastrophiques, une activité à l'arrêt avec des prix des produits de consommation courante qui continuaient de flamber. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, était devenu la cible de toutes les critiques y compris en provenance de son propre camp. Tout le monde s’y était mis, les syndicats, les agriculteurs, les économistes keynésiens qui réclamaient des mesures de relance et du pouvoir d’achat, tout en pestant contre le déficit budgétaire et l'endettement, ce qui est paradoxal parce qu'un militant keynésien ne peut pas se plaindre d’un déficit s’il est cohérent. Quant aux rares économistes libéraux qui restaient sur le marché, ils avaient beau réclamer des réformes de structures pour alléger le poids de l'État, ils n’étaient guère entendus dans la classe politique. À droite comme à gauche, les discours et les programmes s’étaient abonnés plus souvent à la démagogie qu’au pragmatisme. La Bourse de Paris avait beau battre tous les jours ses records historiques avec un CAC 40 à plus de 8000, cela n’intéressait personne. Pas même les cadres dirigeants de ce pays qui attendaient la confirmation de ce découragement, la preuve officielle du délabrement qui devait être administrée par les agences de notation élevées au rang de sages intouchables et donc respectées.

Le week-end dernier, les deux agences attendues ont déjoué tous les pronostics puisqu’elles ont maintenu le statu quo et qu’elles n’ont pas infligé l'humiliation que finalement beaucoup espéraient, histoire d’ajouter quelques difficultés au ministre de l‘économie.

Le problème maintenant c’est qu’il va falloir revenir à la réalité parce que les faits et les chiffres sont têtus. Depuis hier, on sait que l'économie française n’est pas dans une situation aussi délabrée que la classe politique le prétendait. Beaucoup d’indicateurs montrent la résilience du système et la capacité des entreprises à rebondir après le contrecoup du covid et la dépression inflationniste consécutive à la guerre en Ukraine.

1)  La croissance économique aurait été de 0,2% au premier trimestre selon l'Insee qui rejoint ainsi l'optimisme de la Banque de France. 0,2 % de croissance ça peut paraître bien peu, mais en réalité c’est beaucoup. Parce que la majorité des observateurs s’attendaient à une croissance zéro ou négative. Ce qui est d’ailleurs le cas en Allemagne qui a perdu depuis la guerre sa place de premier de la classe.

C’est beaucoup parce que contre toute attente ça rend plausible la prévision de croissance de 1% sur l'année 2024. Cette croissance retrouvée est alimentée par la consommation qui s’est redressée ces derniers mois grâce aux gains de pouvoirs d’achat réels, (sur les retraites et sur les salaires du privé), grâce au reflux de l'inflation, et grâce aux investissements des entreprises dont les projets de développement augmentent. Enfin cette croissance s’explique aussi par un petit dégel du commerce extérieur (à l'intérieur de l'Union européenne, et avec l'Asie). Cette croissance s’explique aussi par une perspective inévitable d’une baisse des taux d’intérêt.

2)  L'inflation est revenue à son niveau minimal notamment au niveau des biens de consommation, ce qui correspond, il faut le reconnaître, à ce qu’avait annoncé Bruno le Maire et d’ailleurs Michel-Édouard Leclerc qui a, jour et nuit, le nez sur les étiquettes.

3)  L'emploi qui globalement reste sous tension dans beaucoup de secteurs (le digital, le bâtiment, les industries du voyage et du tourisme).

4)  Les JO, qui, quoi qu’on dise, vont mécaniquement booster le secteur des voyages et du tourisme.

Ces indicateurs-là signifient que les entreprises ont fait le job, sur les prix, les salaires et le développement mais que l'État et la classe politique n'ont pas fait le leur. D’où les problèmes du ministre de l’Économie qui réclame à cor et à cri, et même en éditant un livre programme, des réformes de structures afin de faire baisser significativement les dépenses publiques et sociales. La croissance se redresse et c’est une bonne nouvelle, mais le rythme de cette croissance ne permettra pas de couvrir le rythme d’augmentation du coût de la dette. D'où la toxicité de l'endettement public.

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